Exposition à l’amiante et cancer de la tête et du cou : du nouveau ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Une étude française de grande envergure menée sur des travailleurs anciennement exposés à l’amiante par leur activité professionnelle et suivis durant 10 ans, montre une association entre l’exposition à l’amiante et le risque de cancer de la tête et du cou (autre que le larynx).
  • L’association est mise en évidence à la fois pour l’incidence et la mortalité liées à ces cancers.
  • Aucune association n’a en revanche été retrouvée entre ces cancers et la présence de plaques pleurales.

Pourquoi est-ce important ?

Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a indiqué que les preuves d’une association entre l’exposition à l’amiante et le risque de cancer du pharynx étaient limitées. Jusqu’à présent parmi les cancers de la tête et du cou, seule l’association entre l’exposition à l’amiante et le cancer du larynx avait été démontrée. Cette étude présente plusieurs intérêts : l’exploration porte sur l’association entre l’exposition à l’amiante, l’incidence et la mortalité par cancer de la tête et du cou (hors larynx) ; les résultats sont ajustés sur le tabagisme, l’exposition cumulée à l’amiante et le délai depuis la première exposition.

Ces données pourraient conduire à de nouvelles recommandations de surveillance médicale des travailleurs exposés professionnellement à l’amiante.

Méthodologie

Cette étude avait pour objectif d’analyser sur 10 ans de suivi, l’incidence de cancers de la tête et du cou (sauf larynx) et la mortalité associée au sein d’une cohorte française de 12.729 travailleurs précédemment exposés professionnellement à l’amiante et inclus entre 2003 et 2005. L’association entre ces cancers et les plaques pleurales a également été explorée. L’exposition à l’amiante a été évaluée via un auto-questionnaire standardisé. Pour chaque individu, l’indice d’exposition cumulée (IEC) a été calculé en équivalent fibre x année/ml en tenant compte de la somme des niveaux d’IEC pour chaque période d’emploi.

Principaux résultats

Sur l’ensemble de la cohorte (âge moyen 63,2 ans), 48,0% individus étaient fumeurs ou anciens fumeurs, et la durée moyenne d’exposition à l’amiante était de 31,3 ans. En analyses univariées et multivariées, une relation dose-réponse significative a été mise en évidence dans la population ayant un CT-scan entre l’IEC pour le cancer de la tête et du cou, et ce même après exclusion des patients ayant un cancer du larynx avec une augmentation de 3% du risque pour toute augmentation de l’IEC de 10 fibres.an/mL (hazard ratio 1,03 [1,00-1,06]). Une relation proche de la significativité a été retrouvée entre l’IEC et la mortalité par cancer de la tête et du cou avec un HR de 1,03 [1,00-1,05] pour toute augmentation de l’IEC de 10 fibres.an/mL. Après ajustement à l’exposition à l’amiante et au statut tabagique, aucune association significative n’a été mise en évidence entre l’incidence du cancer de la tête et du cou et la présence de plaques pleurales.