Exposition aux AINS et inhibiteurs de COX-2 durant les premiers mois de grossesse et prématurité

  • Quantin C & al.
  • BJOG

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude française rétrospective, basée sur les données de plus de 1,5 millions de femmes enceintes, montre que l’exposition aux AINS/inhibiteurs de COX-2 durant les 22 premières semaines de grossesse augmente le risque de prématurité de 15,5%.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

Les AINS/inhibiteurs de COX-2 sont des médicaments couramment utilisés en France, et ce même durant la grossesse. Les complications fœtales de l’exposition tardive à ces traitements durant la grossesse ont fait l’objet de plusieurs études. En revanche les conséquences d’une exposition précoce sont moins documentées, en tout cas pour ce qui concerne la prématurité.

Méthodologie

Cette étude rétrospective a utilisé les données du Système National des Données de Santé pour identifier les femmes de 15 à 45 ans, enceintes entre 2012 et 2014. L’association entre l’exposition aux AINS/inhibiteurs de la COX-2 entre la conception et la 22ème semaine et le risque de prématurité a été évaluée en tenant compte des données sociodémographiques, des comorbidités maternelles, de la prescription d’autres médicaments et des complications liées à la grossesse. La prématurité était définie par la naissance avant la 37ème semaine de grossesse.

Résultats

Sur les 1598 millions de femmes enceintes incluses dans les analyses, 130.815 ont été exposées aux AINS/inhibiteurs de la COX-2 entre la conception et la 22ème semaine de grossesse, soit 8,18% de la population.

Parmi les femmes exposées aux AINS entre la conception et la 22ème semaine de grossesse, 5,73% ont accouché prématurément contre 4,96% dans la population non exposée aux AINS. Ainsi, le nombre de naissances prématurées était plus important de 15,5% lorsque la mère avait été exposée aux AINS/inhibiteurs de la COX-2 entre 1 et 22 semaines de grossesse (p<0,01). La différence était significative pour les 3 stades de prématurité (0,21% vs 0,16% pour la prématurité extrême, 0,44% vs 0,38% pour la prématurité modérée et 5,07% vs 4,43% pour la prématurité tardive, p<0,01). Les femmes exposées aux AINS/inhibiteurs de COX-2 étaient plus souvent des femmes qui vivaient en zone urbaine, bénéficiaient de la CMU et étaient plus susceptibles d’avoir été hospitalisées ou d’être allées aux urgences ou d’avoir eu une visite chez un rhumatologue. Elles étaient également plus susceptibles d’avoir une maladie auto-immune et des comorbidités (hypertension, diabète, dépression, anxiété, asthme).

Après ajustement, le risque de prématurité était augmenté de 8% lors d’une exposition aux AINS non sélectifs seuls et était plus que triplé lorsque l’AINS non sélectif était combiné à de l’étanercept ou de l’infliximab (Odds ratio ajusté 3,16).

Pour l’exposition précoce aux AINS non sélectifs seuls, le risque de prématurité était d’autant plus élevé que la prématurité était sévère (augmentation du risque de 76% pour une naissance entre 22 et 27 semaines de grossesse, de 28% pour une naissance entre 28 et 31 semaines de grossesse, et de 8% entre 32 et 36 semaines de grossesse). 

Cinq AINS ont plus particulièrement été identifiés comme étant à risque de prématurité : le kétoprofène, le flurbiprofène, la nabumétone, l’étodolac et l’indométacine.

Limitations

Aucune donnée n’est disponible sur les médicaments reçus en cas d’hospitalisation.