Existe-t-il une augmentation du risque de cancer en cas de FIV ?

  • Williams CL & al.
  • BMJ

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir 

Une étude publiée dans le BMJ et menée sur plus de 255.000 femmes suivies durant 8,8 ans en Grande-Bretagne (soit plus de 2,2 millions de personnes-années de suivi) suggère qu’il n’y aurait pas d’augmentation du risque de cancer endométrial chez les femmes qui ont bénéficié d’une assistance à la procréation. Les risques de cancer du sein au global et de cancer du sein invasif ne seraient pas augmentés non plus. En revanche, il pourrait y avoir un léger sur-risque de cancer du sein in situ. Ce risque augmenterait avec le nombre de cycle de FIV effectué. Une augmentation du risque de cancer de l’ovaire (invasif et tumeur borderline) a également été observée mais serait limitée aux femmes présentant d’autres facteurs de risque connus, donc elle pourrait plus être liée aux caractéristiques des patientes qu’au traitement pour FIV. Tous ces résultats nécessitent cependant d’être confirmés par de nouvelles investigations.

Pourquoi est-ce important ?

La reproduction médicalement assistée implique des expositions à des taux supra-physiologiques d’oestradiol, de gonadotrophines exogènes et à de multiples ponctions ovariennes, toutes potentiellement cancérigènes. Les cancers les plus impliqués seraient les cancers du sein, de l’utérus et des ovaires. L’augmentation du risque de cancer chez les femmes bénéficiant de FIV reste mal établie. Certaines études ont suggéré une potentielle augmentation du risque de cancer du sein chez des femmes ayant été traitées lorsqu’elles étaient jeunes par de multiples cycles ; d’autres études ayant évalué le risque de cancer de l’endomètre ont manqué de puissance ; d'autres études anciennes ont suggéré l’augmentation du risque de cancer de l’ovaire post-FIV, alors que des données les plus récentes étaient plus rassurantes et globalement peu ont porté sur des populations de grande envergure. Il était donc utile d’avoir des données menées sur une large population.

Méthodologie

Étude populationnelle basée sur une cohorte de femmes ayant bénéficié d’une assistance à la reproduction en Grande-Bretagne, entre 1991 et 2010.  Les données ont été enregistrées dans la Human Fertilisation and Embryologie Authority (HFEA). Ces données ont été liées aux données du registre national du cancer. Les ratios standardisés d’incidence (RSI) ont été calculés en comparant les valeurs observées aux valeurs attendues (cas de cancers attendus calculés en multipliant les personnes-années à risque par le taux d’incidence pour la population nationale).

Principaux résultats

L’âge moyen de la première FIV était de 34,5 ans. Au moins un facteur lié à la femme était à l’origine de l’infertilité, incluant pour 44% l’endométriose ou des troubles de l’ovulation et dans 19% des cas, l’origine de l’infertilité n’était pas connue. Au total, 255.786 femmes ont contribué aux analyses. Les résultats de cette étude n’ont mis en évidence aucune augmentation significative de cancer du corps de l’utérus durant le suivi moyen de 8,8 ans [1-19] chez les femmes ayant bénéficié d’une assistance à la procréation (164 vs 146,9 cas, RSI 1,12 [0,95-1,30]).

Aucune augmentation significative du risque de cancer du sein au global ou plus spécifiquement du cancer du sein invasif n’a été mise en évidence (respectivement RSI 0,98 [0,94-1,01] et 0,96 [0,92-1,00]). 

Les analyses ont cependant mis en évidence une augmentation du risque de cancer du sein in situ, et ce risque a été associé à une augmentation du nombre de cycles de procréation assistée (RSI 1,15 [1,02-1,29], p=0,03).

Le risque du cancer des ovaires a également été augmenté (RSI 1,39 [1,26-1,53]), que ce soit le risque de cancer ovarien invasif (1,40 [1,24-1,58]) ou le risque de cancer de tumeur borderline. L’augmentation du risque de tumeur ovarienne était limitée aux femmes présentant une endométriose et/ou, ayant eu peu d’enfants.