Existe-t-il une association entre fréquence cardiaque au repos et déclin cognitif ?
- Wang S & al.
- Am J Cardiol
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Selon une étude publiée dans l'American Journal of Cardiology, l’augmentation de la fréquence cardiaque au repos (FCr) à l’âge moyen serait associée à une augmentation du risque de déclin cognitif et de démence 20 ans plus tard. D’autres études sont maintenant nécessaires pour d’une part déterminer si cette association est causale ou secondaire à d’autres processus sous-jacents, et d’autre part évaluer si la modification de la fréquence cardiaque pourrait diminuer la vitesse du déclin cognitif. Les auteurs évoquent notamment plusieurs explications possibles : le déséquilibre du système sympathique/parasympathique ; l’augmentation de la pression artérielle ou encore la stimulation des voies de l’inflammation.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
Il est admis que les maladies cardiovasculaires et les facteurs de risque cardiovasculaire sont associés au risque de déclin cognitif et à la démence. La fréquence cardiaque au repos est une mesure simple et un facteur prédictif indépendant de la mortalité cardiovasculaire. Et alors qu’il existe de nombreuses données sur l’association entre fréquence cardiaque et risque futur de maladie cardiovasculaire, peu d’études ont évalué l’association entre fréquence cardiaque et déclin cognitif, notamment dans la population générale, d’où l’intérêt de cette étude.
Méthodologie
Au total, 13.720 individus participant à l’étude ARIC (Athrosclerosis Risk in Communities) sans antécédent d’AVC ou de fibrillation atriale ont été suivis. Après mesure de la fréquence cardiaque au repos grâce à un électrocardiogramme lors de la visite d’inclusion entre 1990 et 1992, les individus ont été classés en plusieurs groupes de FCr : <60 battements/minute (groupe de référence), 60-69, 70-79 et ≥80 battements/minute.
Les scores cognitifs ont été évalués à l’inclusion et lors de 2 visites ultérieures (1996 à 1998 et 2011 à 2013). Le critère principal d’évaluation était le score composite cognitif global (Z-score) dérivé de 3 tests : rappel différé de mots, substitution de chiffres et de symboles, fluidité du langage.
Principaux résultats
L’âge moyen des participants était de 58 ans, 56% étaient des femmes et 24% étaient d’origine africaine. La fréquence cardiaque moyen au repos était de 66 ±10 battements/minute. À la visite 2, les caractéristiques des individus inclus étaient différentes en fonction du niveau de fréquence cardiaque. Ceux qui avaient la fréquence cardiaque la plus élevée étaient plus susceptibles d’être de sexe féminin, d’avoir un IMC élevé, d’avoir un faible niveau d’activité physique, de fumer, d’avoir une pression artérielle élevée, de prendre des antihypertenseurs, d’avoir un diabète et une maladie cardiovasculaire.
Au cours du suivi moyen de 20 ans, les participants de chaque groupe ont présenté un déclin cognitif. Cependant, celui-ci était plus prononcé chez les individus ayant une fréquence cardiaque au repos entre 70 et 79 et ≥80 battements/minute (respectivement différence moyenne du déclin cognitif -0,07 et -0,12 par rapport aux individus ayant une FC <60 battements/minute). Au total, 1.350 cas de démence ont été répertoriés au cours du suivi, soit un hazard ratio de 1,28 [1,04-1,57] pour ceux qui avaient une FCr ≥80 battements/minute par rapport à ceux dont la FCr était <60 battements/minute.
Principales limitations
Étude observationnelle. Certains facteurs résiduels de confusion pourraient expliquer les associations mises en évidence.
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