Existe-t-il un lien entre la consommation de produits laitiers et le risque de cancer ?

  • Deschasaux-Tanguy M & al.
  • Int J Cancer

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude française portant sur plus de 100.000 individus de la cohorte NutriNet-Santé montre :

  • Aucune association entre la consommation globale de produits laitiers ou de produits laitiers spécifiques et le risque de cancer, tous cancers confondus, ou de cancer du sein ou de la prostate plus spécifiquement.
  • Si aucune association n’a pu être mise en évidence entre la consommation globale de produits laitiers et le risque de cancer colorectal, une augmentation de ce dernier a été mise en évidence chez ceux qui avaient une consommation de fromage blanc et de desserts lactés sucrés élevée. 

Les auteurs demandent à considérer ce dernier point avec précaution et invitent à ce que ces données soient confirmées par d’autres travaux.

Pourquoi est-ce important ?

Si de nombreuses associations ont déjà été décrites entre l’alimentation ou le style de vie et le risque de développer un cancer, les données sont contradictoires concernant les produits laitiers.

Cette étude est donc intéressante car elle évalue l’association entre la consommation globale et par sous-type de produits laitiers et le risque de cancer global et pour les cancers les plus fréquents, sur une très large population.

Méthodologie

La consommation en produits laitiers a été évaluée grâce à un questionnaire alimentaire de la consommation des dernières 24 heures.

Principaux résultats

Au global, 101.279 sujets de la cohorte NutriNet-Santé ont été inclus (78,7% de femmes, âge moyen 42,2 ans, IMC moyen 23,7 kg/m2). Après un suivi médian de 5,9 ans, 2.503 cas incidents de cancer ont été notifiés (783 cancers du sein, dont 324 en préménopause, 323 cancers de la prostate et 182 cancers colorectaux). La consommation moyenne de produits laitiers était de 198,4 g/j, dont 83,3 g/j de lait, 58,1 g/j de yaourt, 36,9 g/j de fromage et 17,7 g/j de fromage blanc. Les plus gros consommateurs de produits laitiers étaient plus susceptibles d’avoir un IMC élevé, des antécédents familiaux de cancer, d’être fumeurs et de pratiquer une activité physique. Ils étaient également plus susceptibles d’avoir des apports énergétiques plus importants (hors alcool), ainsi que des apports importants en lipides, glucides et sel, mais avaient plus souvent des apports en alcool et desserts sucrés plus faibles.

Les analyses n’ont pas mis en évidence d’association significative entre la consommation globale de produits laitiers et le risque de cancer en général ou de cancer du sein (pré- ou post-ménopausique), de la prostate ou de cancer colorectal en particulier.

Aucune association n’a été observée entre la consommation spécifique de lait, yaourt ou fromage et le développement du cancer de manière générale ou de l’un des cancers évoqués. Seule, la consommation de « fromage blanc » a été associée à une augmentation de 11% du risque de cancer pour toute portion supplémentaire, tous types confondus, hazard ratio (HR 1,11 [1,01-1,21], p=0,03) et de 39% du risque de cancer colorectal également pour toute portion supplémentaire (HR 1,39 [1,09-1,77], p<0,01).

La consommation de desserts lactés sucrés a également été significativement associée au risque de cancer colorectal, avec une augmentation de 58% pour toute portion supplémentaire (HR 1,58 [1,01-2,46], p=0,046).

Ainsi, la consommation de fromage blanc et de produits lactés sucrés pourrait augmenter le risque de cancer colorectal, mais cela nécessite d’être confirmé par d’autres analyses.