Existe-t-il ou non une augmentation du risque de démence en cas de traumatisme crânien ?

  • Fann JR & al.
  • Lancet Psychiatry

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Une étude menée sur une très large cohorte (2,8 millions de personnes) montre une augmentation du risque de démence chez les individus ayant eu un traumatisme crânien par rapport aux individus sans antécédent de traumatisme crânien. 

Pourquoi est-ce important ?

Les résultats des études portant sur le lien entre traumatisme crânien et augmentation du risque de démence sont contradictoires. Les études de large envergure avec un suivi à long terme manquent. De fait, les résultats de cette étude portant sur une très large cohorte sont particulièrement intéressants. Ceux-ci incitent à prendre des mesures préventives pour réduire le risque de démence liée aux traumatismes crâniens.

Principaux résultats

Au total, la cohorte a inclus 2.8 millions de personnes (suivi moyen de 9,89 années par personne). 

Au cours du suivi, 4,7% des individus de la cohorte ont eu au moins un traumatisme crânien entre 1977 et 2013, et 4,5% au moins un épisode de démence entre 1999 et 2013.

Le risque global ajusté de démence toute cause confondue chez les sujets ayant eu un antécédent de traumatisme crânien était supérieur (HR 1,24 [1,21-1,27]) à celui des sujets sans antécédent de traumatisme crânien. Le risque des hommes était un peu supérieur à celui des femmes. 

Le risque de démence était particulièrement élevé dans les six premiers mois après le traumatisme crânien (HR 4,06 [3,79-4,34]), puis diminuait ensuite. Le risque augmentait également avec le nombre d’événements de traumatisme crânien (2,83 [2,14-3,75] avec cinq traumatismes ou plus).

Par ailleurs, la survenue d’un traumatisme crânien était associée à une augmentation du risque de démence (1,29 [1,26-1,33]). 

Le risque de maladie d’Alzheimer chez les sujets ayant eu des antécédents de traumatisme crânien était supérieur par rapport à ceux qui n’en n’en avaient pas eu (1,16 [1,12-1,22]).

Le risque de traumatisme crânien était plus élevé pour les sujets entre 10 et 20 ans et diminuait jusqu’à l’âge de 60-70 ans, âge à partir duquel il augmentait de nouveau. Le risque de démence, lui augmentait continuellement avec l’âge.

Méthodologie

  • Étude observationnelle de cohorte menée au Danemark à partir de données issues d’un registre national.
  • La cohorte a inclus toutes les personnes vivant au Danemark au 1erjanvier 1995, et âgées d’au moins 50 ans à certains points du suivi (entre 1999 et 2013).
  • Les données concernant les traumatismes crâniens et les démences ont été obtenues à partir de différents registres nationaux.
  • Trois modèles ont été utilisés : le premier modèle a été ajusté aux facteurs sociodémographiques, le second a inclus également les comorbidités médicales et neurologiques, et le troisième les comorbidités psychiatriques.

Principales limitations

L’étude porte sur une seule cohorte nationale, ce qui peut limiter la portée de ces résultats. Par ailleurs, les données n’intégraient pas les traumatismes crâniens diagnostiqués par les médecins généralistes, ce qui a pu conduire à une sous-estimation des risques.

Financement

Étude financée par la fondation Lundbeck.