Évolution des acides gras polyinsaturés chez les femmes allaitantes et dans le lait maternel
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Les oméga-3 ont un rôle essentiel dans le développement neurosensoriel et visuel du nouveau-né. Une étude a croisé les données d’apport en acides gras polyinsaturés (AGPI) de femmes allaitantes (étude INCA 2), celles de la composition du lait maternel entre 1997 et 2014 et les recommandations de l’Anses. Les résultats montrent que l’apport moyen en oméga-3, acides eicosapentaénoïque (EPA) et docosahexaénoïque (DHA) serait deux fois plus faible que les apports recommandés (103 mg pour le DHA et 82 mg pour l’EPA, soit 185 mg pour l’EPA+DHA, contre 500 mg recommandés). Par ailleurs, si les proportions d’AGPI oméga-3 ont évolué favorablement entre 1997 et 2014, en revanche, les proportions d’acide alpha-linolénique (ALA) et DHA dans le lait maternel restent insuffisantes par rapport aux recommandations nutritionnelles du nouveau-né. Ainsi, une campagne de sensibilisation destinée aux femmes enceintes et allaitantes pourrait être justifiée.
Méthodologie
Les données des registres alimentaires de 7 jours de l’enquête INCA 2 ont été combinées à la composition des aliments de la base de données Ciqual 2013 pour calculer les apports en AGPI de 21 femmes allaitantes. Parallèlement, les données de l’ITERG (Institut des Corps Gras) portant sur trois études nutritionnelles indépendantes menées entre 1997 et 2014 chez des mères allaitantes dans 4 à 8 lactariums en France (n=238 femmes) ont été regroupées.
Principaux résultats
L’enquête INCA 2 montre que l’apport énergétique total (AET) moyen des femmes allaitantes est en-dessous des recommandations de l’Anses (1.911 kcal/j contre 2.250 kcal/j recommandés). Seules 8 femmes sur 21 atteignaient ces recommandations. Bien que l’apport total moyen quotidien en lipides répondait aux recommandations (39,6% versus 35-40% recommandés), l’apport moyen quotidien en acide linoléique était inférieur aux recommandations. Par ailleurs, aucune femme n’avait d’apport en oméga-3 suffisant. L’apport moyen était même deux fois inférieur aux besoins physiologiques (103 mg pour le DHA et 82 mg pour l’EPA, soit 185 mg pour l’EPA+DHA, contre 500 mg recommandés).
Le rapport acide linoléique (précurseur des oméga-6)/acide alphalinolénique (précurseur des oméga-3) (LA/ALA) moyen était de 9,4 pour une recommandation de l’Anses <5. Il est intéressant de noter que certains aliments riches en DHA (fromages, crustacés, mollusques, poissons) sont généralement exclus durant la grossesse pour des raisons de sécurité, et que les femmes interrogées optaient plus facilement pour des plats composés pour limiter le temps dédié à la cuisine après l’accouchement.
La comparaison des données de l’ITERG a mis en évidence une évolution favorable entre 1997 et 2014 en ce qui concerne les taux d’oméga-3 et d’oméga-6 présents dans le lait maternel. Le rapport LA/ALA est passé de 28 à 12 entre ces deux périodes (les recommandations nutritionnelles pour le nouveau-né préconisent un ratio de 6). Cependant, les apports en acide arachidonique (AA) et DHA, eux n’ont pas évolué favorablement au cours de cette période.
Principales limitations
L’effectif de l’étude INCA 2 était vraiment faible, mais ces données devraient inciter à la mise en place d’enquêtes plus importantes.
Financements
Ces études ont été réalisées avec les soutiens de FranceAgriMer et de Terres Univia.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé