Evolution 2000-2017 du profil des infections bactériennes graves chez les personnes vivant avec le VIH
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Le profil des infections bactériennes graves touchant les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) a évolué entre 2000 et 2017.
Les tendances concernant l’évolution de l’antibiorésistance des souches incriminées ont été globalement comparables à celles observées en population générale, hormis concernant la résistance des entérobactéries aux fluoroquinolones.
Pourquoi est-ce important ?
Bien que leur incidence ait diminué depuis l’avènement du traitement antirétroviral, les infections bactériennes graves seraient plus de 10 fois plus fréquentes chez les PVVIH que dans la population séronégative. Elles sont toutefois moins évoquées dans les études récentes malgré l’importance de ces données et de leur association aux questions d’antibiorésistance. Aussi, les données de cette large cohorte prospective régionale permettent d’établir à la fois l’ampleur de ces infections et leur évolution depuis une vingtaine d’années. Elles apportent des données nationales qui sont importantes étant donné la variabilité de l’antibiosensibilité des bactéries d’un pays à l’autre.
Méthodologie
Cette analyse a été menée à partir des données de la cohorte prospective ANRS CO3, qui a été établie en 1987 au CHU de Bordeaux. Tous les patients adultes inclus avaient une infection par le VIH-1 et au moins une visite de suivi ultérieure à leur inclusion. Les infections bactériennes graves, définies comme un diagnostic clinique associé soit à une hospitalisation ≥48 heures ou à un décès, ont été recensées et analysées sur la période 2000-2017.
Principaux résultats
Parmi les 10.257 patients de la cohorte, 7.442 avaient eu au moins une visite de suivi entre 2000 et 2017, parmi lesquels 747 ont eu au moins 1 infection bactérienne grave. Au total, 1.681 évènements ont été recensés sur 2000-2017, avec une incidence globale de premier évènement en baisse de 20,4 à 7,8/1000 années-patients entre 2000-2004 et 2014-2017 (p<0,001). Concernant les 847 infections pour lesquelles les données bactériologiques étaient disponibles, il s’agissait le plus souvent de bactériémies (33%), puis de pneumonies (32%) et d'infections urinaires (28%). Les entérobactéries étaient les plus souvent identifiées (38%, principalement Escherichia coli), puis Staphylococcus aureus (15%) et des bactéries gram-négatives non fermentants (14%).
Au cours de la période de suivi, la proportion de Streptococcus pneumoniae a diminué de 34% à 8% en tant qu’étiologie des pneumonies et de 21% à 3% en tant qu’étiologie des bactériémies, tandis que la proportion d'Enterobacteries a augmenté en tant qu’étiologie des bactériémies (de 21% à 39%).
La non-susceptibilité de Streptococcus pneumoniae à la pénicilline et à l'amoxicilline a augmenté à partir de 2014, après une tendance à la baisse depuis 2000. Parallèlement, une baisse de la non-susceptibilité à la céfotaxime et à l'érythromycine ont été plus récemment observées. La non-sensibilité de Staphylococcus aureus à l'oxacilline, à la gentamicine, à la ciprofloxacine et au cotrimoxazole a diminué sur toute la période de l’étude. Enfin, La non-sensibilité des entérobactéries au céfotaxime et à la ciprofloxacine est stable depuis 2009, après une tendance élevée à la hausse. Celle concernant l'amoxicilline-clavulanique et à la pipéracilline-tazobactam a eu tendance à diminuer sur cette période. Enfin, le pourcentage d'entérobactéries productrices de β-lactamase à spectre étendu a augmenté de 4% à 15% sur la période d’analyse.
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