Evaluer le microbiote buccal pour dépister le cancer colorectal


  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Des altérations du microbiote intestinal sont associées au cancer colorectal et notamment la surabondance en certaines bactéries buccales sur les tumeurs du côlon. Aujourd’hui, le microbiote fécal est un marqueur potentiel du cancer colorectal (CCR). Une étude a profilé le microbiote buccal, ainsi que celui de la muqueuse colique et des selles chez des individus atteints de cancer colorectal, de polypes colorectaux et des cas contrôles. Leur objectif était de développer un outil de dépistage du cancer colorectal à partir de l’évaluation du microbiote buccale et rectal.

Méthodologie

  • Ces analyses sont basées sur une cohorte irlandaise. Les chercheurs ont profilé le microbiote provenant de prélèvements oraux, de la muqueuse colique et des selles issus d’individus souffrant de CCR (n=99), présentant des polypes colorectaux (n=32) ou de cas contrôles (n=103).
  • Des échantillons buccaux ont été prélevés en frottant l’intérieure des deux joues avec un tampon ; des échantillons fécaux ont été auto-collectés et envoyés à un laboratoire dans l’heure suivant la défécation, et des échantillons de muqueuse colique ont également été collectés durant des interventions chirurgicales ou des coloscopies.
  • Les critères d’exclusion incluaient les antécédents de cancer colorectal, les maladies inflammatoires des intestins et le syndrome de l’intestin irritable.
  • Une amplification et un séquençage du gène de l’ARN 16s ont été réalisés sur les régions V3-V4.
  • Les auteurs ont également réalisé une méta-analyse à partir de données de la littérature pour procéder à une évaluation similaire des associations potentielles.
  • Des études ont montré que la prolifération bactérienne buccale colique n’est pas unique au CCR, mais pouvait également être associée à la maladie de Crohn. Ainsi, afin de comparer les valeurs OTU (Operational taxonomic units) obtenus à partir de la cohorte irlandaise (séquençage des régions V3-V4) avec celles d’une cohorte de sujets atteints d’une maladie de Crohn (MC) sur la base de la séquence V4, les chercheurs ont resserré les séquences de la cohorte de sujets atteints de CCR à la région séquencée pour les sujets atteints de la MC.

Résultats

  • L’abondance de différents groupes de bactéries orales était variable entre les sujets atteints de CCR par rapport au groupe contrôle.
  • Un modèle de classification du microbiote buccal permettait de distinguer les individus souffrant de CCR ou de polypes, des sujets contrôles (sensibilité 53% pour le CCR et 67% pour les polypes ; spécificité 96%).
  • La combinaison des données provenant du microbiote fécal avec celles provenant du microbiote buccal augmentait la sensibilité du modèle à 76% pour le CCR et 88% pour les polypes.
  • Les chercheurs ont mis en évidence qu’un réseau de bactéries orales était présent de manière similaire sur la surface des muqueuses buccales et coliques, que ce soit chez les individus présentant des lésion coliques (tumorales ou non), les individus sains ou les sujets atteints de la MC.
  • La présence abondante d’agents oraux pathogènes à la fois chez les sujets atteints de CCR et chez les sujets sains était négativement associée à l’abondance de Lachnospriaceae, suggérant que ces bactéries pourraient jouer un rôle protecteur important. Ces données pouvaient également suggérer un impact de l’alimentation de type occidentale.

À retenir

L’hétérogénéité des cancers colorectaux pourrait être liée à différents types de microbiote qui pourraient prédisposer ou conditionner la résistance à la maladie, et le profilage du microbiote oral pourrait constituer une alternative pour le dépistage du cancer colorectal.