Évaluation de la spironolactone chez les sujets hémodialysés

  • Charytan DM & al.
  • Kidney Int

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Chez les sujets hémodialysés, Chez les sujets hémodialysés, les évènements indésirables bien identifiés de la spironolactone restent peu courants. La fréquence de l'hyperkaliémie et celle de l'hypotension étaient les mêmes dans le groupe de sujets traités que dans le groupe placebo et semblaient liées à la posologie (>50 mg/jour).

  • Si le profil d'innocuité semble bon, les auteurs ne concluent pas définitivement sur l’efficacité du traitement sur la fonction ou la structure cardiovasculaire. Quoi qu’il en soit, ils estiment que la spironolactone est une molécule qui peut être utilisée sans risque chez les sujets hémodialysés.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Les décès des sujets souffrant d’insuffisance rénale terminale (IRCt) hémodialysés sont principalement d’origine cardiovasculaire. Plusieurs éléments suggèrent que, dans cette maladie, le cœur subit notamment une fibrose progressive dans laquelle l'aldostérone jouerait un rôle déterminant. Si la spironolactone a été décrite comme apte à réduire la mortalité cardiovasculaire des insuffisants cardiaques non dialysés, les données sont insuffisantes chez les patients en IRCt, chez lesquels les évènements indésirables pourraient être plus fréquents du fait de l’altération de la fonction rénale. SPIN-D (Spironolactone in Dialysis) visait à répondre à cette incertitude.

Méthodologie

  • SPin-D est un essai clinique randomisé contrôlé versus placebo ayant testé plusieurs doses de spironolactone. Il a inclus des sujets de 18 à 85 ans sous hémodialyse depuis 6 mois ou plus, ou depuis 3 à 6 mois s’il n’y avait pas eu de changement du poids cible, ni aucune hospitalisation au cours des 2 et 6 semaines précédant l’inclusion respectivement.

  • Les participants ont été randomisés (2:1:1:1) entre un placebo et la spironolactone à un dosage de 12,5, 25 ou 50 mg par jour pendant 36 semaines. La posologie était augmentée en aveugle toutes les 2 semaines jusqu'à la dose cible.

  • L'objectif principal étant d'évaluer l'innocuité de la spironolactone selon plusieurs critères d'évaluation : incidence d’une kaliémie >6,5 mEq/L, incidence d'une hypotension grave (nécessitant une hospitalisation ou un traitement en urgence hors autres causes identifiables).

Principaux résultats

  • Globalement, 129 personnes ont été randomisées et suivies durant 36 semaines. Neuf participants ont quitté l’étude pour une greffe de rein, une dialyse péritonéale ou un transfert dans une autre unité de dialyse que celles participantes, et cinq personnes sont décédées au cours du suivi.

  • Il n’y avait pas de différence en termes de fréquence de l’hyperkaliémie ou de l’hypotension grave entre les groupes spironolactone et le groupe placebo. La fréquence de l'hyperkaliémie était globalement de 0,49 événement par année-patient sous traitement contre 0,50 (p = 0,9), avec une tendance linéaire significative à partir de la posologie maximale (50 mg, avec 17,6%, 14,8%, 15,4% et 32% des patients concernés dans les groupes placebo, 12,5, 25 et 50 mg, respectivement). La fréquence de l'hypotension grave était de 0,11 événements par année-patient contre 0 sous placebo (p=0,1), avec 0%, 7,4%, 12% et 12% dans les groupes placebo, 12,5, 25 et 50 mg, respectivement).

  • Le taux de potassium sérique moyen par patient, la pression artérielle systolique et la pression artérielle diastolique au cours du suivi étaient similaires dans les 4 groupes randomisés.

  • Au total, 27 patients (20,9%) ont arrêté le traitement avant la fin du suivi, soit 31,4%, 18,5%, 23,1% et 32,0% des groupes placebo, 12,5, 25 et 50 mg de spironolactone, principalement pour hyperkaliémie.