Evaluation de l’intérêt de la colchicine dans les complications cardiaques liées au COVID-19

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • Selon l’essai clinique randomisé GRECCO-19 mené en ouvert, les sujets atteints par le COVID-19 et hospitalisés ont bénéficié d'une amélioration modeste mais statistiquement significative en termes de délai avant détérioration clinique lorsqu’ils recevaient de la colchicine en plus des soins standards, par rapport à ceux qui ne recevaient que des soins standards. La traduction clinique de cette significativité statistique reste à établir par des études regroupant un nombre plus élevé de patients.

 

Certains patients atteints de COVID-19 présentent des signes de lésions myocardiques et ceux qui présentent une pathologie cardiovasculaire pré-existante ont un risque plus élevé de développer une forme compliquée. La colchicine est une molécule dont les propriétés anti-inflammatoires reposent sur des mécanismes différents de ceux des corticoïdes ou des AINS. Par ailleurs, elle possède des propriétés qui sont potentiellement intéressantes dans la lutte contre le virus et contre ses conséquences pulmonaires et cardiaques. Une étude grecque multicentrique ouverte a ainsi été conduite entre le 3 et le 27 avril 2020 dans 16 hôpitaux du pays. Les inclusions ont in fine été limitées par la chute du nombre d’infections sur la période au niveau national. Les données de l’étude, menée auprès de 105 patients, ont été publiées dans le JAMA Network Open.

Les patients hospitalisés inclus devaient présenter une infection à SARS-CoV-2 confirmée par PCR et deux critères cliniques supplémentaires (fièvre, toux, …). L’évaluation reposait sur 3 co-critères : le taux maximum de troponine cardiaque (Tn HS), le délai nécessaire pour que la protéine C-réactive (CRP) atteigne plus de 3 fois la valeur limite supérieure admise comme normale et le délai écoulé avant détérioration clinique (-2 points au moins sur l’échelle OMS cotée de 0 à 7).

Au total, l’étude a inclus 105 patients randomisés 1:1 entre un groupe soins standards + colchicine (0,5 mg/j après dose de charge de 1,5 mg puis 0,5 mg après 60 minutes) et un groupe soins standards, durant 3 semaines. Il s’agissait principalement d’hommes (58,1%), d’âge médian 64 ans. Les patients pouvaient recevoir d’autres traitements expérimentaux.

Un taux d’aggravation moindre...

Aucune différence n’a été observée concernant le taux de Tn HS ou celui de CRP. En revanche, 1 patient a rempli le critère principal clinique (aggravation) dans le groupe colchicine contre 7 dans le groupe contrôle soit un hazard ratio de 0,11 ([0,01-0,96], p=0,02). La durée moyenne de survie sans événement était aussi en faveur de la colchicine (20,7 jours vs 18,6 dans le groupe contrôle, p=0,03). Dans la plupart des cas, l’évènement aggravant dans le groupe témoin était le recours à la ventilation mécanique. En termes de tolérance, la fréquence des événements indésirables était comparable dans les deux bras, hormis un taux plus élevé de diarrhées (majoritairement modérées) dans le groupe colchicine (45,5% vs 18,0% des patients, p=0,003).

Le fait d’avoir pu recevoir d’autres traitements expérimentaux (hydroxychloroquine, azithromycine…) peut avoir interféré mais la fréquence du recours à ces traitements était comparable dans les deux groupes. Par ailleurs, les patients n’ont pas été inclus sur la base de marqueurs biologiques élevés, et les taux de TnHS ou de CRP à l’inclusion étaient relativement bas. Pour autant, les différences de pronostic interpellent. D'autres processus que ceux impliquant ces deux biomarqueurs pourraient avoir été déterminants dans les résultats observés. Les données des autres études évaluant actuellement la colchicine sont nécessaires pour expliciter ces résultats.