Étude SPRINT : un objectif tensionnel

  • Williamson JD & al.
  • JAMA

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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Que sait-on déjà sur le sujet ?

Alors que la maladie d’Alzheimer pourrait affecter près de 115 millions de personnes à travers le monde en 2050, aucun traitement jusqu’à présent n’a encore prouvé son efficacité pour prévenir ou retarder les troubles cognitifs légers et la démence. L’hypertension artérielle, qui concerne plus de 75% des 65 ans et plus a été identifiée comme étant un potentiel facteur de risque modifiable dans ce contexte. 

Qu’apporte cette étude ?

L’étude SPRINT (Systolic Blood Pressure Intervention Trial) a évalué l’effet d’un contrôle intensif de la pression artérielle sur la fonction cardiovasculaire (critère principal d’évaluation), le rein et la fonction cognitive chez des sujets sans diabète ni antécédent d’accident vasculaire cérébral (AVC). Cette publication parue dans le JAMA décrit spécifiquement les effets sur la fonction cognitive, l’apprentissage et la mémorisation, évalués par des tests spécifiques validés. Ainsi, cet essai clinique randomisé a été mené dans 102 sites aux États-Unis et a inclus 9.361 sujets âgés de 50 ans et plus souffrant d’hypertension (âge moyen 67,9 ans, 35,6% de femmes, pression artérielle systolique (PAS) à l’inclusion 139,7 mmHg). Les participants ont été randomisés entre deux groupes ayant des objectifs de pression artérielle différents (<120 mmHg « objectif intensif », n=4.678 ou <140 mmHg « objectif standard », n=4.683). 

Au cours du suivi médian de 5,11 ans :

  • Le risque de démence probable avait certes diminué de 17% en faveur du groupe « objectif intensif », mais sans différence statistique significative. La PAS moyenne était de 121,6 mmHg dans le groupe avec « objectif intensif » et 134,8 mmHg dans le groupe « objectif standard », soit une différence de 13,3 mmHg. L’incidence de la démence était respectivement de 7,2/1.000 personnes-années versus 8,6/1.000 personnes-années, soit un hazard ratio (HR) de 0,83 [0,67-1,04], p=0,10.
  • Le  risque de trouble cognitif léger était significativement réduit de 19% chez les sujets du groupe traitement intensif (HR 0,81 [0,69-0,95]) ainsi que le risque combiné de trouble cognitif léger ou de démence probable de 15% (HR 0,85 [0,74-0,97]). L’essai a été arrêté précocement du fait du bénéfice de la prise en charge sur le critère composite principal d’évaluation (évènements cardiovasculaires). 

Impact en pratique

Ces données doivent faire l’objet d’une lecture critique, car le critère principal de l’étude était un critère cardiovasculaire et non le risque de démence. Donc à ce stade, ces données ne viennent ni confirmer, ni infirmer celles suggérées par des études observationnelles ou de précédents essais randomisés. 

Principales limitations

La puissance de l'étude peut avoir été impactée par son arrêt précoce et le faible nombre de cas de démence.