Étrolizumab : déception autour des études de phase 3 dans la rectocolite hémorragique

  • Agrawal M & al.
  • Lancet Gastroenterol Hepatol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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L'étrolizumab est un anticorps monoclonal antiβ7 qui est développé dans la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques intestinales modérées à sévères (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique). Cinq études de phase 3 issues du programme de développement de la molécule ont été publiées par The Lancet Gastroenterology & Hepatology, qui comparaient l’étrolizumab à un placebo ou à un anti-TNF en traitement d’induction et/ou de maintenance de la rectocolite hémorragique :

- HIBISCUS I et II comparaient l’étrolizumab à l’adalimumab ou au placebo chez des patients naïfs d’anti-TNF, comme traitement d’induction,

- HICKORY comparait l’étrolizumab au placebo en traitement d’induction et de maintenance chez des patients déjà traités par anti-TNF et ayant atteint l’induction sous étrolizumab,

- LAUREL comparait l’étrolizumab au placebo en traitement de maintenance chez des patients naïfs d’anti-TNF ayant atteint l’induction sous étrolizumab,

- GARDENIA comparait l’étrolizumab à l’infliximab en traitement d’induction et de maintenance chez des patients naïfs d’anti-TNF,

In fine, les données de cette étude sont contrastées : l’étrolizumab a permis d’atteindre la rémission clinique à la semaine 10 dans HIBISCUS I et à la semaine 14 dans HICKORY. En revanche, les données de rémission clinique étaient non statistiquement différentes du bras contrôle, malgré les tendances favorables au traitement.

Question de posologie ou de population ?

L’éditorial accompagnant la publication de ces études pivots propose une analyse de ces résultats, et suggère de ne pas écarter tout de suite la molécule mais, plus volontiers, d’en poursuivre l’étude de façon plus spécifique : il souligne tout d’abord que les effectifs recrutés peuvent avoir limité la puissance des résultats du fait que le programme de phase 3 a été bâti sur les conclusions d’une seule étude de phase 2 de faible effectif et dans laquelle les résultats étaient satisfaisants. Aussi, la taille des cohortes dans ces nouvelles études et la posologie étudiée (105 mg SC toutes les 4 semaines) ont sans doute été inadaptées à celles qui auraient été nécessaires dans ces études de phase 3, au sein desquelles la population était probablement plus hétérogène.

Par ailleurs, il ne faut pas écarter l’idée que certains biomarqueurs pourraient être utilisés pour prédire l’activité de la molécule. Pour mémoire, la cible de cette anti-intégrine est présente sur la majeure partie des cellules circulantes immunitaires, ce qui peut à la fois suggérer que son action est plus large qu’une simple activité contre les cellules T pro-inflammatoires impliquées dans le processus physiopathologique, et que l’expression de l’intégrine est hétérogène parmi la population atteinte de RCH.

Ces questions pourront être réétudiées à la lumière des études actuelles et futures menées sur cette molécule dans la maladie de Crohn.