Et si une consultation infirmière permettait de mieux prendre en charge les patients atteints de PR…

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude médico-économique adossée à un essai clinique randomisé, contrôlé, multicentrique mené en France, montre qu’il est financièrement acceptable de mettre en place une consultation de prévention des comorbidités liées à la polyarthrite rhumatoïde (PR) par une infirmière. L’équilibre financier de ce programme serait atteint lorsqu’au moins 37 patients ont réalisé l’ensemble des actes de prévention. Les six actes les plus contributifs étaient par ordre de décroissance : la prescription d’une supplémentation en vitamine D et calcium, la vaccination antigrippale, la mesure de la créatinémie, l’augmentation des apports nutritionnels en calcium, le dépistage du cancer cutané et l’ostéodensitométrie.

Pourquoi est-ce important ?

Les manifestations extra-articulaires de la PR engendrent des comorbidités (maladies cardiovasculaires, cancers, complications liées aux infections, ostéoporose, …) plus graves et moins bien prises en charge que dans la population générale. En 2007, la Haute Autorité de santé (HAS), puis en 2014 la Société française de rhumatologie (SFR) ont émis des recommandations de prise en charge des patients atteints de PR, qui intègrent la prise en charge des comorbidités. Un patient sur cinq de moins de 65 ans est en invalidité à cause de sa maladie. En France, les coûts directs sont estimés entre 1.812 et 11.792 € et les coûts indirects entre 1.260 et 37.994 € par patient et par an1. Dans ce contexte, les résultats de cette étude randomisée, contrôlée et multicentrique présentent un vrai intérêt.

Principaux résultats

  • Le coût de l’intervention de l’infirmière a été calculé à partir d’un temps moyen de consultation par patient de 83,4 min.
  • Le nombre d’actes de prévention a été calculé chez 472 patients.
  • Au total, 747 actes de prévention supplémentaires ont été réalisés du fait de l’intervention d’une infirmière dans ce programme, engendrant 30.805 euros de coûts.
  • Ces résultats montrent que l’intervention d’une infirmière dédiée à la prévention des comorbidités chez les patients atteints de PR a une rentabilité financière acceptable. L’intervention d’une infirmière permet l’équilibre financier du programme (par rapport à l’absence de programme) lorsqu’au moins 37 patients réalisent l’intégralité des actes de prévention proposés.
  • Les six actes les plus contributifs à l’efficacité du programme étaient la prescription d’une supplémentation en vitamine D et en calcium (31,2%), le vaccin antigrippal (13,4%), la mesure de la créatininémie (12,5%), l’augmentation des apports nutritionnels en calcium (11,2%), le dépistage du cancer cutané (9,4%) et la mesure de la densité osseuse (6,74%).

Méthodologie

  • COMEDRA (Comorbidités Education Rheumatoid Arthritis) est une étude clinique randomisée, multicentrique et contrôlée menée entre mars 2011 et juin 2012 qui a mesuré l’impact d’une consultation infirmière de rhumatologie sur la prise en charge des comorbidités des patients atteints de PR.
  • Les résultats suggérant que cette organisation contribuait à court terme à une amélioration de la prise en charge de 14 comorbidités, une analyse médio-économique limitée aux coûts médicaux directs a été mise en place, afin de déterminer la pertinence économique d’une consultation infirmière dédiée à la prise en charge des actes de prévention des patients atteints de PR.

Principales limitations

  • Cette étude médico-économique a été réalisée en perspective sociétale limitée et ne tient pas compte des coûts indirects et des coûts intangibles élevés pour cette pathologie. La prise en compte de ces coûts aurait renforcé les conclusions de cette étude.