Et si…un dépistage opportuniste des fractures vertébrales et de l’ostéoporose était enfin mis en place

  • Roux C & al.
  • Rheumatology (Oxford)

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.
FB_Verbatim_Roux_ElodieGazquez_Univadis

À retenir

Une large étude a évalué la pertinence d’un dépistage opportuniste des fractures vertébrales et de l’ostéoporose chez des patients de plus de 60 ans à partir de scanners abdominaux et lombaires réalisés au sein de 35 hôpitaux de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris. Les résultats soulignent qu’un tel dépistage pourrait :

  • être réalisé chez 80% des patients ayant un scanner abdominal ou lombaire, 
  • permettre de détecter un cas sur 5,
  • contribuer à un meilleur diagnostic et prise en charge des fractures vertébrales et de l’ostéoporose chez les hommes et les femmes dans une population vieillissante.

Pourquoi est-ce important ?

En France, comme dans de nombreux autres pays, il existe un réel problème de diagnostic et de prise en charge des fractures vertébrales en pratique clinique. Le manque de temps et la sensibilisation insuffisante des professionnels de santé y contribuent fortement. Le dépistage opportuniste à partir des scanners thoraciques et/ou abdominaux réalisés tous les jours pourrait ainsi être une réponse à la problématique de temps et de ressources financières disponibles.

Méthodologie

Cette étude observationnelle transversale multicentrique a été menée à partir des données numériques de tomodensitométrie abdominale et lombaire de patients âgés de 60 ans et plus, réalisés entre 2007 et 2013 dans les 35 hôpitaux de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris

Le logiciel générait automatiquement plusieurs données : 

  • la présence ou non d’au moins une fracture vertébrale modérée à sévère entre L1 et L4 ;
  • score 1 : la valeur moyenne d’unités Hounsfield sur la colonne vertébrale lombaire (de L1 à L4) ;
  • score 2 : la valeur moyenne en unité Hounsfield pour L1 ;
  • score 3 : le T-score à partir duquel l’ostéoporose était définie (T-score ≤2,5).

Principaux résultats

Les données de 152.268 patients ont été analysées. L’âge moyen des patients était de 73 ans. Le logiciel était en capacité d’évaluer la présence d’une fracture vertébrale avec un taux de succès de 82%, de 87% pour le score 1 et 2 (mesurés à partir des mêmes bases de données) et de 79% pour le T-score.

Un échantillon de 500 clichés a été sélectionné à partir de la détection automatique : 50% avec une fracture vertébrale et 50% sans. Des experts indépendants les ont revus sans connaître le diagnostic généré automatiquement. Les analyses ont permis de définir que le logiciel était en capacité de détecter une fracture vertébrale avec une sensibilité de 94% et une spécificité de 65%. Sur l’ensemble de la population, 24,5% des individus avaient au moins une fracture lombaire, et 23,8% avaient de l’ostéoporose en l’absence de fracture vertébrale.

« Cette étude montre la faisabilité d’un dépistage opportuniste de l’ostéoporose. L’évaluation des flux de patients ainsi générés automatiquement est indispensable avant toute application,  afin d’optimiser les parcours de soins » Professeur Christian Roux, rhumatologue, Hôpital Cochin, APHP-CENTRE, Université de Paris