Est-ce que le surdiagnostic de cancer de la prostate est un véritable risque à l’accès à la transplantation rénale ?
- Résumé d’article
À retenir
- Bien que l’incidence du cancer de la prostate (PCa) soit similaire entre les patients en insuffisance rénale terminale et la population générale, un dépistage systématique du PCa est recommandé à l’inscription sur la liste des demandeurs de greffe rénale.
- Selon une étude française, l’impact d’un diagnostic de PCa et de sa prise en charge sur l’accès à la transplantation rénale et sur les résultats de celle-ci serait limité.
Pourquoi est-ce important ?
La question du risque de cancer chez les receveurs de greffes d’organes solides est une question encore très débattue au sein de la communauté médicale. Le surdiagnostic de cancer de la prostate à faible risque peut réduire l’accès à la transplantation sans pour autant que les bénéfices oncologiques ne soient démontrés. Cette étude est l’une des plus importantes études portant sur une population nouvellement diagnostiquée pour PCa et en attente de transplantation rénale.
Méthodologie
Cette étude rétrospective a été menée sur 10 ans au sein de 12 centres de transplantation français. Les patients inclus étaient des candidats à une greffe rénale au moment du diagnostic de cancer de la prostate. Des données démographiques et cliniques concernant la maladie rénale, le cancer de la prostate, la prise en charge de ce cancer et l’accès à la transplantation rénale et ses résultats ont été recueillies et analysées.
Principaux résultats
Sur 9.700 hommes candidats à une transplantation rénale, 216 ont reçu un diagnostic de PCa sur la période de l’étude (Janvier 2010-Décembre 2020). Parmi eux, 31,9% ont été positionnés sur une liste inactive de transplantation rénale en attendant la levée d’une contre-indication liée au PCa ou à une autre cause. Les autres ont reçu une transplantation ou ont été inscrits sur une liste active. Au final, seuls 5,6% des patients ont eu une contre-indication définitive à la transplantation rénale.
Le délai médian entre le diagnostic de PCa et l’inscription sur la liste active était de 25,0 mois. Pour les patients inscrits sur la liste active, 48,1% ont bénéficié d’une greffe rénale 8 mois (valeur médiane) après leur inscription sur la liste active.
Parmi les patients ayant reçu le diagnostic de PCa, 60,6% ont subi une prostatectomie radicale avec ou sans traitement adjuvant, 18,1% ont eu une radiothérapie d’emblée et 21,3% un autre traitement ou une surveillance active.
Les patients ayant eu une prostatectomie radicale étaient globalement plus jeunes que ceux ayant bénéficié d’une radiothérapie. La durée de la contre-indication à la transplantation rénale s’est révélée être plus importante dans le groupe radiothérapie.
Parmi les patients qui ont reçu une transplantation rénale après prise en charge d’un PCa, 68,3% avaient subi une chirurgie pour PCa, 7,9% une radiothérapie et 15,9% étaient en surveillance active pour PCa.
La survie à 5 ans était de 70,3% sans aucune perte de chance liée au cancer. Aucun cas de récidive, progression ou métastase de PCa n’a été observé après la transplantation rénale.
Au global, 16,7% des patients de l’étude sont décédés au cours de l’étude.
Les patients ont été suivis durant 50,6 mois en valeur médiane (depuis la première consultation avec l’équipe de transplantation et jusqu’à la dernière visite). Les résultats montrent que le traitement du cancer de la prostate aurait un impact limité sur l’accès et le résultat de la transplantation rénale. Les patients ayant subi une prostatectomie radicale et des protocoles de surveillance active avaient un taux plus élevé d’accès à la liste active et à la transplantation rénale elle-même que les patients ayant bénéficié d’une radiothérapie d’emblée. En revanche, l’augmentation du délai d’inscription sur la liste active des patients ayant subi une radiothérapie n’avait pas de retentissement significatif sur le délai médian d’accès à la transplantation rénale. La surveillance active au moment de la demande d’inscription à la liste des transplantations rénales est une stratégie intéressante chez les sujets à faible risque de PCa.
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