Est-ce que certains régimes sont à privilégier en cas de maladies inflammatoires chroniques des intestins ?
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
Des chercheurs ont réalisé une revue de la littérature publiée dans Nutrients, afin de mettre en évidence les niveaux de preuve associés aux conseils nutritionnels susceptibles d’être transmis aux patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques des intestins. Après les aliments à privilégier ou à éviter, nous vous proposons un focus sur les régimes alimentaires spécifiques.
À ce jour, peut-on préconiser un régime alimentaire spécifique chez ces patients ?
Le régime spécifique en glucides élimine les glucides complexes non digérés et qui restent durant de longues périodes dans l’intestin, fournissant ainsi un substrat aux espèces bactériennes pro-inflammatoires. Cependant, les preuves des bénéfices de ce régime chez les enfants ou les adultes atteints de maladie inflammatoire chronique des intestins (MICI) manquent encore de puissance.
Le régime pauvre en FODMAP (c’est-à-dire faiblement chargé en mono-, oligo-, ou disaccharides et en polyols fermentescibles) est un régime traditionnellement utilisé pour les soulager les patients atteints de syndrome de l’intestin irritable ou de troubles fonctionnels gastro-intestinaux. Certaines études cependant, ont montré que ce régime alimentaire améliorait les symptômes des patients dont la MICI est non active ou faiblement active, en particulier si ces patients présentaient également un syndrome de l’intestin irritable. En revanche, il n’existe actuellement pas de preuve de son efficacité pour l’induction ou le maintien d’une rémission chez des sujets ayant une MICI active.
Bien qu’il semble intéressant de favoriser la consommation de végétaux, les preuves de l’intérêt d’un régime semi-végétarien (autorisant les produits végétaux ainsi que le lait, les œufs, le poisson toutes les semaines et la viande une fois toutes les deux semaines) chez des patients atteints de MICI manquent encore.
Enfin, le régime anti-inflammatoire visant à réduire l’apport de certains aliments pouvant être de potentiels substrats de microbes pro-inflammatoires, propose de favoriser les viandes maigres, les volailles, le poisson, d’éliminer certains glucides spécifiques (hautement raffinés, transformés et le lactose), d’inclure des pré- et probiotiques (oignons, poireaux, légumes fermentés, yaourts frais de culture, kéfir, miso, et autres prébiotiques solubles tels que la banane, l’avoine ou la farine de lin). L’apport en graisses est réduit (réduction des lipides totaux et saturés), et les apports en huiles végétales riches en oméga-3) sont favorisés. Cependant, les données de l’intérêt de ce régime chez les patients souffrant de MICI sont encore limitées.
Quelles autres perspectives ?
La transplantation de microbiote fécal associée à un régime anti-inflammatoire a été étudiée dans le but d’induire et de maintenir la rémission chez des patients souffrant de RCH. Une étude a montré que la proportion de patients souffrant de RCH et atteignant la rémission était significativement plus élevée après 8 semaines chez ceux qui avaient bénéficié d’une transplantation de microbiote fécal en plus d’un régime anti-inflammatoire, par rapport à ceux qui suivaient un traitement standard. Cette rémission se maintenait avec la poursuite du régime spécifique. Pour autant, il est impossible de déterminer si ce bénéfice dans le temps était le fait de la transplantation de microbiote fécal, du régime anti-inflammatoire, ou des deux. Plusieurs essais cliniques portant sur l’intérêt d’un régime anti-inflammatoire sont en cours et, espérons-le, apporteront davantage de données robustes sur son bénéfice pour les patients souffrant de MICI.
Quels conseils retirer de cette revue de la littérature au regard des preuves disponibles ?
Malgré l’importance perçue de l’alimentation dans la pathogenèse et la prise en charge des MICI, il existe encore peu de données de haute qualité permettant à ce jour de formuler des recommandations solides. Les auteurs de cette revue soulignent en résumé que, sur la base des données disponibles à ce jour, les patients atteints de MICI pourraient bénéficier de la limitation de la consommation de graisses trans et saturées, d’acides gras oméga-6, d’édulcorants artificiels et d’additifs tels que les carraghénanes. La littérature permet d’évoquer l’intérêt d’un régime riche en fruits et légumes, ainsi qu’en acides gras oméga-3. Si la nutrition entérale exclusive est bénéfique dans certains sous-groupes de MC, les régimes anti-inflammatoire et limités en glucides spécifiques méritent, quant à eux, d’être mieux explorés. Enfin, en cas de symptômes gastro-intestinaux persistants ou de syndrome de l’intestin irritable associé, un régime pauvre en FODMAP peut apporter un bénéfice.
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