Essais cliniques et maladie de Crohn : d’où provient l’effet placebo ?
- Almradi A & al.
- J Crohns Colitis
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
A retenir
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Le rôle de l’ancienneté de la maladie, de la durée de suivi ou du comparateur semble influencer la façon dont les sujets atteints de maladie de Crohn et participant aux essais cliniques répondent au placebo.
L’efficacité du placebo observé dans les études cliniques relatives à la maladie de Crohn relèverait de multiples facteurs (psychologiques, neurobiologiques, environnementaux). Par ailleurs, les critères d’inclusion ou d’évaluation choisis au cours du temps n’ont pas toujours été des paramètres objectifs reflétant l’inflammation (comme une évaluation endoscopique). Ainsi, une méta-analyse menée à partir de 100 études cliniques publiées sur le sujet entre 1947 et 2014 a montré que les taux de rémission clinique et de réponse étaient respectivement de 18 et 28% pour les traitements d’induction et de 32 et 26% respectivement pour les traitements d’entretien.
Depuis 2014, plusieurs nouvelles molécules ont été étudiées et commercialisées, et les critères d’inclusion et d’évaluation ont évolué. Il était donc intéressant d’évaluer si les taux de réponse au placebo restent aujourd’hui comparables à ceux préalablement décrits.
Méthodologie
Toutes les études cliniques recensées sur les principales bases de données sur le sujet ayant comparé un traitement actif à un placebo chez des patients atteints de maladie de Crohn ont été recensées jusqu’en mars 2021. Les critères d’inclusion et/ou d’évaluation devaient être basés sur le CDAI ou HBI.
Principaux résultats
Au total, 125 publications ont été identifiées et incluses dans la méta-analyse, soit 91 sur le traitement d'induction et 46 sur le traitement d'entretien. La moyenne d’âge des participants était de 37,2 ans et la durée de suivi moyenne des études de 14,2 semaines.
Dans cette méta-analyse, les taux poolés de rémission clinique et de réponse sous placebo étaient respectivement de 18% [16-21] et 32% [23-24] pour les traitements d’induction, avec une forte hétérogénéité (I2 79,7%). En revanche, ils étaient respectivement de 8% [4-18] et de 16% [11-23] lorsqu’ils étaient fondés sur l’évaluation endoscopique, l’hétérogénéité restant élevée (I2 70,3%). Les auteurs ont recherché les facteurs prédictifs : les patients dont l’histoire de la maladie était longue, qui avaient été traités préalablement par anti-TNF ou dont la maladie était très active avaient une réponse moins importante au placebo. De même, les études ayant inclus des effectifs importants répondaient également moins bien au placebo. À l’inverse, une plus longue durée de suivi ou un plus grand nombre de visites de suivi étaient associés à des taux de réponse ou de rémission plus élevés sous placebo.
De la même façon, concernant les études dédiées au traitement d’entretien, les taux poolés de rémission clinique et de réponse étaient respectivement de 28% [23-34] et 30% [24-37] avec une forte hétérogénéité (I2 89%). Le calcul reposant sur l’évaluation endoscopique n’était pas possible car les études n’étaient pas assez nombreuses. Plusieurs facteurs prédictifs ou protecteurs ont été identifiés : les patients dont la maladie était très active et les études cliniques les plus récentes avaient des taux sous placebo moins élevés.
Enfin, les auteurs soulignent que dans les études d’induction, les taux de rémission sous placebo sont supérieurs lorsque le comparateur est un corticostéroïde plutôt qu’un biomédicament, ou lorsque les médicaments étaient oraux vs injectables. Selon eux, cela pourrait illustrer le fait que les essais conduits avec les biomédicaments concernent des patients dont l’activité de la maladie est plus sévère ou qui ont plus souvent été en échec d’un traitement conventionnel.
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