ESMO 2022 – La sédation palliative, vers une meilleure qualité de mort

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par Cristina Ferrario

 

À retenir

  • La sédation palliative est utilisée en fin de vie pour soulager les symptômes réfractaires.
  • Les soins de fin de vie impliquent des défis éthiques et cliniques.
  • La communication avec les patients et leur famille est d’une importance capitale.

 

Selon Nathan Cherny, directeur des soins palliatifs au Centre médical Shaare Zadek de Jérusalem, en Israël, la sédation palliative est un sujet que tout oncologue devrait connaître.

« Les oncologues ont la responsabilité de fournir des soins dès le diagnostic et tout au long de la maladie, ce qui inclut d’utiliser un traitement anticancéreux approprié, mais aussi de soulager les symptômes et d’apporter un soutien psychosocial » a-t-il déclaré lors de l’ouverture d’une session de l’ESMO 2022 consacrée à ce sujet. « Dans la mesure du possible, les patients préfèrent une continuité des soins, surtout dans la dernière partie de leur vie » a-t-il ajouté.

 

Le bon choix au bon moment

Par définition, la sédation palliative implique l’administration de médicaments sédatifs dans un cadre contrôlé, afin d’induire un état de conscience réduite ou absente. « Il est important de souligner que l’objectif principal de cette sédation est de soulager une souffrance qui serait autrement intolérable, pour les patients en phase terminale, c’est-à-dire d’optimiser le confort des patients » a déclaré M. Cherny. « Elle diffère de l’euthanasie, où les interventions actives visent à mettre fin à la vie » a-t-il précisé. En outre, l’objectif des soins peut changer : au moment du diagnostic, la prolongation de la survie doit être la priorité absolue, tandis qu’aux stades avancés de la maladie, le confort devient généralement l’objectif le plus important.

Cela signifie qu’il y a un temps et un lieu pour la sédation palliative. La principale indication est la présence de symptômes réfractaires, c’est-à-dire ceux qui causent une souffrance intolérable et qui ne peuvent être contrôlés correctement sans sédation. « Ce n’est pas le cas des symptômes dits " difficiles ", qu’il est éventuellement possible de soulager tout en préservant l’état de conscience. Une évaluation minutieuse est nécessaire, en impliquant des experts en soins palliatifs et en ayant recours à une évaluation pluridisciplinaire » a expliqué l’expert.

 

Questions cliniques et éthiques

D’un point de vue médical, la souffrance non contrôlée en fin de vie est une situation critique et la sédation palliative représente une réponse proportionnée et efficace à la souffrance. Elle est mentionnée dans les directives médicales et est soutenue par l’autonomie et l’autodétermination du patient. Elle nécessite par ailleurs un consentement éclairé. « En cela, la sédation palliative n’est pas différente d’autres indications impérieuses à haut risque, par exemple certaines chirurgies radicales » a affirmé l’expert, évoquant les aspects éthiques de la situation et expliquant que des directives anticipées préalablement déterminées aideront les médecins, les patients et leurs familles à faire face à l’instauration de la sédation palliative.

De nombreux médicaments sont désormais disponibles pour atteindre l’objectif d’un soulagement adéquat des symptômes avec une sédation palliative. Ces médicaments peuvent être administrés aussi bien en milieu clinique qu’à domicile, cette dernière option n’étant acceptable (et couronnée de succès) que si un cadre efficace de soins à domicile est mis en place.

 

L’importance d’être sincère

La mort et la fin de vie font partie de l’expérience de chacun, mais ces sujets demeurent des tabous pour de nombreux médecins et patients. Même dans les services d’oncologie, les oncologues compétents et expérimentés peuvent se sentir mal à l’aise lorsqu’ils discutent avec les patients et leurs familles des derniers jours de leur vie. « Il n’en reste pas moins que ce type de discussion est d’une importance capitale » a déclaré M. Cherny. « En tant qu’oncologues, nous devons améliorer nos compétences en matière de communication ainsi que notre connaissance du rôle des soins palliatifs » a-t-il ajouté.

Parlant de son expérience dans le domaine des soins palliatifs, M. Cherny a relaté certaines des discussions qu’il a l’habitude d’avoir avec ses patients sur la possibilité d’une sédation palliative, les risques, les implications, les options disponibles et les raisons pour lesquelles elle pourrait être nécessaire. La plupart de ces conversations ont également porté sur la famille et les amis des patients. « Il est important que tout le monde ait le sentiment que nous faisons de notre mieux pour ne pas nuire au patient » a-t-il indiqué.