ESMO 2021 — Les dix traitements anticancéreux que les spécialistes du cancer de première ligne trouvent les plus essentiels

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À retenir

  • La Liste des médicaments essentiels (LME) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) reflète bien les priorités énoncées par les médecins de première ligne.
  • La plupart des médicaments à priorité élevée sont d’anciens agents cytotoxiques.
  • Trop souvent, le risque de toxicité financière est élevé, même pour les médicaments bon marché.

 

Projet « île déserte » (Desert Island)

Actuellement, un effort considérable est fait pour développer de nouveaux traitements anticancéreux ; cependant, de nombreux médicaments récents ont des effets modestes malgré un coût élevé. Le projet Desert Island, présenté lors de la session spéciale « L’accès aux médicaments importants selon l’OMS », vise à identifier les médicaments que les spécialistes du cancer de première ligne considèrent comme essentiels pour fournir des soins significatifs contre le cancer.

Une enquête électronique a été développée et diffusée auprès d’un réseau mondial d’oncologues. « La question principale de l’enquête était en fait un scénario hypothétique, d’où le concept d’“île déserte” », explique Christopher Booth, professeur d’oncologie et de sciences de la santé publique à l’Institut de recherche contre le cancer de l’Université Queen’s (Queen’s University Cancer Research Institute), à Kingston (Canada). « Nous avons posé la question suivante : Imaginez que votre gouvernement vous confie la responsabilité de choisir les médicaments anticancéreux pour votre pays. Vous ne pouvez sélectionner qu’un maximum de 10 médicaments qui seront disponibles pour traiter tous les cancers. Quels médicaments recommanderiez-vous au gouvernement pour obtenir le plus grand bénéfice chez la majorité des patients ? Partez du principe que le coût n’est pas un problème et que vous avez accès à tous les médicaments de soins de soutien, outils diagnostiques et services de laboratoire nécessaires. » Près de 1 000 oncologues répartis dans plus de 80 pays ont participé à cette enquête.

« Lorsque nous avons classé les médicaments qui étaient le plus souvent identifiés comme étant prioritaires et que nous avons regardé quels étaient les 20 médicaments les plus fréquemment cités, 60 % étaient des agents cytotoxiques et 20 % étaient des agents hormonaux. Deux tiers de ces médicaments ont été autorisés par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Food and Drug Administration, FDA) il y a plus de vingt ans. » Les 10 agents anticancéreux les plus essentiels selon les médecins praticiens sont les suivants : doxorubicine, cisplatine, paclitaxel, pembrolizumab, trastuzumab, carboplatine, 5-fluorouracile, tamoxifène, capécitabine et cyclophosphamide. « Nous avons constaté une forte correspondance avec la LME de l’OMS : 19 de ces 20 premiers médicaments sont déjà inclus dans la LME. »

Ce top 20 est globalement homogène, quel que soit le niveau économique du pays, mais ce n’est pas le cas de la disponibilité réelle de ces médicaments. La proportion de sondés indiquant que chacun des médicaments de ce top 20 était disponible de manière universelle était comprise entre 9 % et 54 % dans les pays à revenu intermédiaire inférieur (PRII), entre 22 % et 88 % dans les pays à revenu intermédiaire supérieur (PRIS) et entre 68 % et 94 % dans les pays à revenu élevé (PRE). Le risque de dépenses catastrophiques de santé était compris entre 13 % et 68 % dans les PRII, entre 2 % et 41 % dans les PRIS, et entre 1 % et 9 % dans les PRE. « Bien qu’il s’agisse de médicaments anciens et bon marché, des obstacles importants à l’accès à ces médicaments persistent dans les PRII, des obstacles importants associés à un risque de dépenses significatives et de dépenses catastrophiques à la charge des patients dans les PRIS et également, dans une certaine mesure, dans les PRE », a souligné le Dr Booth. « Nous observons que la disponibilité des médicaments est très limitée, même pour des schémas génériques fondamentaux pour les soins de base du cancer. Nous devons donc nous demander dans quelle mesure nous pouvons ne serait-ce qu’envisager d’ajouter de nouveaux médicaments coûteux à la LME, alors même que nous savons que ces médicaments de base peu coûteux sont souvent indisponibles », a-t-il conclu.

Un résumé de l’étude a été publié dans la revue Lancet Oncology simultanément à la présentation du Dr Booth au congrès 2021 de la Société européenne d’oncologie médicale (European Society of Medical Oncology, ESMO).