ESMO 2021 — Débat autour de la nécessité d’un profil moléculaire initial complet dans le cadre du cancer colorectal
- Univadis
- Conference Report
Les directives de la Société européenne d’oncologie médicale (European Society for Medical Oncology, ESMO) concernant le traitement du cancer colorectal métastatique (CCRm) préconisent d’effectuer un dépistage initial des mutations de RAF et BRAF. Ces informations moléculaires, couplées aux données cliniques, permettent d’orienter le choix des traitements de première intention. Le dépistage de l’instabilité microsatellitaire (IMS) est également recommandé, car il peut faciliter le conseil génétique pour les cliniciens et présente une forte valeur prédictive pour ce qui est de l’utilisation des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire.
Au-delà de ces biomarqueurs, de nombreux autres évoluent rapidement dans la pratique clinique quotidienne en raison de leur valeur pronostique et prédictive. De plus, ces biomarqueurs sont susceptibles d’évoluer au fil de la maladie en raison de la pression médicamenteuse, ce qui laisse entrevoir le rôle possiblement majeur de la biopsie liquide en tant qu’outil d’évaluation de ces évolutions.
Le type de profil moléculaire, ainsi que le moment optimal où il doit être réalisé, ont été abordés lors d’une session de controverse dédiée, et une enquête a été réalisée auprès des participants avant et après la discussion.
À retenir
- Un profil moléculaire initial complet pourrait s’avérer pratique pour de nombreuses raisons.
- Le profilage moléculaire séquentiel est acceptable dans la pratique clinique.
- La biopsie liquide n’est pas encore en passe de s’imposer comme outil à utiliser chez tous les patients.
- Environ 60 % des médecins interrogés pensent que les biomarqueurs autres que RAS/BRAF/IMS doivent faire l’objet d’un dépistage initial, tandis que 50 % des personnes interrogées soutiennent le test de séquençage de nouvelle génération (SNG).
Pourquoi est-ce important ?
- Au-delà des biomarquers connus RAS, RAF et IMS, de nombreux nouveaux autres émergent dans le contexte du CCRm en raison de leur valeur pronostique et prédictive.
- Il reste à définir si, quand et comment rechercher ces biomarqueurs.
Informations clés
OUI. Sara Lonardi, Padoue (Italie)
- Chez les patients présentant des mutations (mut) de RAS/BRAF, aucune évaluation moléculaire approfondie n’est nécessaire, car RAS et BRAF constituent de puissantes mutations oncogéniques qui surmontent toutes les autres altérations que nous connaissons jusqu’à aujourd’hui.
- Dans la population présentant une mutation de RAS/BRAF de type sauvage, le schéma composé d’un doublet associé à un anti-récepteur du facteur de croissance épidermique (Epidermal Growth Factor Receptor, EGFR) constitue le traitement recommandé, bien que différentes altérations de la cascade de signalisation qui commencent par la voie d’activation de l’EGFR peuvent affecter la sensibilité aux médicaments anti-EGFR et pourraient potentiellement être ciblées.
- Le profilage moléculaire faisant appel à des panels de gènes spécifiques (p ex. le panel PRESSING) peut permettre d’affiner la sélection des patients atteints d’un CCRm éligibles à des traitements ciblés, en leur épargnant des traitements inefficaces.
- Les directives de l’ESMO précisent que « le SNG multigénique peut être une alternative à l’analyse par amplification en chaîne par polymérase (Polymerase Chain Reaction, PCR) uniquement s’il ne génère pas de coût supplémentaire par rapport aux techniques standards déjà mises en œuvre en routine ».
- Le profilage moléculaire initial est pratique, car il limite le risque d’épuisement des échantillons et d’échec des dépistages tout en permettant une meilleure planification des analyses, une inclusion plus élevée dans les essais et des coûts totaux inférieurs.
NON. Rodrigo Dienstmann, Sao Paulo (Brésil)
- Dans le cadre du CCRm, réaliser un profil moléculaire initial complet signifie aller au-delà de RAS/RAF/IMS et dépister d’autres biomarqueurs tels que NTRK1-3, TMB, HER2, PI3KCA, POLE.
- Plus de 80 % de la résistance est définie par RAS/BRAF et la latéralité (gauche ou droite), ce qui laisse peu de place aux autres biomarqueurs pour jouer un rôle.
- En outre, plus de 90 % de la résistance est définie par RAS/BRAF/HER2 et la latéralité ; et HER2 est un marqueur de résistance anti-EGFR également dans les lignes de traitement ultérieures.
- Un test moléculaire guidé séquentiel est acceptable.
- Une immunohistochimie (HER2 et pan-TRK), suivie d’une hybridation in situ (HER2) et d’un SNG (HER2 et NTRK1-3), sont recommandés.
- Il est possible de reporter le profilage moléculaire « complet » au moment de la deuxième ligne et des lignes utlérieures, et d’adopter une approche plus conservatrice pour les tests moléculaires.
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