ESMO 2021 — Commentaire d’expert : les séquelles du COVID-19 chez les patients atteints d’un cancer, d’après les données du registre OnCOVID
- Univadis
- Conference Report
Alessio Cortellini est un oncologue médical consultant et un scientifique clinique au Collège Impérial (Imperial College), Hôpital de Hammersmith (Hammersmith Hospital), à Londres (Royaume-Uni). À l’occasion du congrès 2021 de la Société européenne d’oncologie médicale (European Society of Medical Oncology, ESMO), il a présenté une analyse et un aperçu des effets secondaires à long terme (séquelles) de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) chez les patients atteints d’un cancer, à partir de données provenant du registre OnCOVID (35 établissements dans 6 pays européens). Il aborde ici certaines des conclusions de cette analyse.
- Nous avons présenté une sous-analyse du registre OnCOVID. Au moment du verrouillage des données le 1er mars 2021, 2 795 patients étaient inclus dans le registre. L’analyse principale s’est concentrée sur 1 557 survivants du COVID-19, qui avaient reçu un diagnostic de COVID-19 entre le 27 février 2020 et le 14 février 2021, qui avaient récupéré du COVID-19 et qui ont fait l’objet d’une réévaluation formelle après leur rétablissement (réévaluation médiane après 44 jours).
- D’après cette analyse, 15 % des patients présentaient des séquelles symptomatiques : les symptômes respiratoires (dyspnée, toux chronique et autres) étaient les plus fréquents (50 %), suivis de la fatigue chronique (41 %) et, avec une prévalence beaucoup plus faible, des symptômes neurocognitifs (7,3 %), d’une perte de poids (5,5 %) et d’autres symptômes.
- Cette prévalence est similaire à celle observée au sein de la population générale (15 % à 60 % en fonction de la population de l’étude et de la méthodologie).
- Dans le cadre d’une analyse multivariée, les séquelles du COVID-19 étaient associées de manière indépendante à un risque accru de décès (rapport de risque [RR] : 1,76). Le modèle prenait en compte le sexe, l’âge, le fardeau des comorbidités, la tumeur primitive, son stade et son statut, le traitement anticancéreux administré et le traitement contre le COVID-19, les complications du COVID-19 et les hospitalisations dues au COVID-19.
- Les séquelles étaient plus probables chez les patients ayant des antécédents de forme plus sévère du COVID-19 et présentant des caractéristiques défavorables (p. ex., sexe, comorbidités, âge).
- Il est intéressant de noter que la prévalence des séquelles suivait une augmentation linéaire jusqu’à l’âge de 70 ans, puis diminuait à partir de 71 ans. Nous supposons que cela pourrait être lié à l’immunosénescence chez les personnes âgées, mais davantage de données sont nécessaires.
- Comme mentionné auparavant, l’analyse de la survie (n = 929 ; durée de suivi médiane de 4 mois) a démontré que les séquelles altéraient la survie post-COVID-19.
- De plus, dans le cadre de l’analyse de 471 patients sous traitement anticancéreux systémique au moment du diagnostic de COVID-19, nous avons démontré que les séquelles avaient un impact sur les soins anticancéreux : nous avons observé un arrêt définitif des soins chez 14 % des patients, et une reprise après ajustement chez 37,8 % d’entre eux.
- L’arrêt définitif du traitement anticancéreux systémique (TACS) n’était pas lié au stade de la maladie. Il était associé de manière indépendante à un risque accru de décès (RR : 3,53), tandis que ce n’était pas le cas des ajustements du TACS.
- Conjointement aux données concernant le taux de mortalité dû au COVID-19 au sein de la population oncologique, ces nouveaux résultats suggèrent que, bien que fragiles, les patients atteints d’un cancer peuvent reprendre leurs traitements sans impact important sur la survie. Une approche personnalisée est obligatoire afin d’atteindre cet objectif.
- Il faut retenir de cette analyse que nous, en tant qu’oncologues, avons besoin d’être mieux sensibilisés, de mieux reconnaître et de traiter de manière précoce des séquelles du COVID-19 chez les patients atteints d’un cancer.
- Je suis convaincu que l’impact positif des vaccins, qui réduisent l’incidence globale et la gravité de l’infection par le SARS-CoV-2, sera bientôt observé, et que nous verrons même une réduction du nombre de séquelles du COVID-19 rapportées au sein de la population oncologique.
- Les médecins doivent promouvoir la prévention du COVID-19 et la vaccination contre le COVID-19, et opter pour une prise en charge proactive de la maladie.
- Après plus d’un an de pandémie, le moment est venu de porter à nouveau notre attention sur les résultats oncologiques de nos patients.
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