ESMO 2020 — Commentaire d’expert : l’impact multidimensionnel et étendu du COVID-19 sur les soins oncologiques
- Univadis
- Conference Report
Abdul-Rahman Jazieh est le responsable du service d’oncologie à la Cité médicale du roi Abdulaziz à Riyad, en Arabie saoudite. À l’occasion du congrès virtuel 2020 de l’ESMO, il a présenté les résultats d’une étude collaborative mondiale portant sur l’impact de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) sur les soins aux patients, qui a recueilli des données dans 356 centres de cancérologie dans 54 pays dans le monde. Il aborde ici certains des résultats obtenus.
- La pandémie a affecté les soins oncologiques à différents degrés dans plus de 88 % des centres de cancérologie participants.
- L’impact variait en termes de gravité, allant d’une simple réduction des services à un arrêt total.
- Les raisons variaient également selon l’estimation du degré de préjudice aux patients.
- Nous avons analysé les centres sur la base de la stratification des revenus de la Banque mondiale des pays à revenus faibles, intermédiaires et élevés.
- L’impact négatif sur les soins anticancéreux était plus important dans les pays à plus faible revenu, avec notamment un manque d’accès aux équipements de protection individuelle (EPI), aux médicaments anticancéreux et aux soins spécifiques au cancer, ainsi qu’à d’autres soins médicaux.
- Notre étude se concentrait spécifiquement sur les soins aux patients existants atteints d’un cancer et non sur l’ensemble du continuum (c.-à-d., la prévention et/ou le diagnostic).
- Cependant, presque toutes les modalités thérapeutiques ont été affectées à des degrés variables, y compris la chirurgie, la radiothérapie, le traitement systémique par greffe de cellules souches et les soins palliatifs.
- Environ 46 % des centres ont indiqué que plus de 10 % de leurs patients (de 11 % à 99 %) avaient manqué au moins 1 cycle de chimiothérapie.
- Le nombre total de cycles manqués par de nombreux patients n’est pas connu.
- Ces cycles manqués auront des effets néfastes sur certains patients qui présenteront une maladie progressive et obtiendront de moins bons résultats.
- L’impact final de la pandémie dépend de multiples facteurs.
- Peut-être parce que les patients atteints d’un cancer sont souvent considérés comme une population vulnérable, 55 % des centres ont réduit leurs soins de manière préventive, par précaution.
- Cependant, de nombreux centres ont indiqué que l’administration normale des soins a été interrompue/modifiée en raison d’un manque d’EPI (près de 20 %) et de médicaments (près de 10 %), ou en raison d’un système saturé (20 %).
- Je pense que ces chiffres vont s’améliorer grâce à des expériences étendues et à la littérature disponible sur la manière d’intervenir (pendant la pandémie) et d’ajuster le système et le flux de soins.
- Certaines de ces modifications du processus de prestation des soins constituent le « bon côté » de la crise, car elles ont joué un rôle catalyseur et facilitateur pour la mise en œuvre de la communication virtuelle, des soins à distance et des soins proches du domicile des patients.
- Beaucoup de ces changements vont s’inscrire dans la durée, car ils sont très pratiques pour les patients et les soignants, et ils sont rentables pour le système de santé.
- La phase de récupération va être assez longue, car nous ne connaissons pas l’ampleur du préjudice pour les patients cancéreux actuels et futurs.
- Les prestataires de soins en oncologie ont immédiatement commencé à rattraper le retard pris en se concentrant en priorité sur les patients non traités.
- Les systèmes de santé doivent activer leurs programmes de dépistage du cancer et de détection précoce, afin de détecter les cancers le plus tôt possible.
- Rassurer le public sur la recherche d’aide est très important pour surmonter la réticence des patients à se rendre dans les établissements de soins de santé par crainte de contracter l’infection.
- Enfin, nous avons déjà tiré de nombreuses leçons de la pandémie : toujours avoir des plans d’urgence (de préparation) pour toute crise, avoir un stock adéquat d’EPI et de médicaments anticancéreux, mettre en place un parcours de suivi spécial pour les soins oncologiques, distinct du parcours pour la maladie infectieuse potentielle, revoir toutes les activités effectuées et évaluer leur nécessité ou la nécessité de les accomplir différemment.
Pour suivre toute l’actualité de l’ESMO 2020, rendez-vous sur Univadis.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé