Erythrétol : un substitut au sucre associé à une augmentation importante du risque d’événements cardiovasculaires majeurs

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À retenir

  • Les chercheurs ont dans un premier temps mis en évidence une association positive entre les taux de plusieurs polyols (et en particulier de l’érythritol (ou E968), utilisé comme substitut au sucre) et le risque accru d’accidents cardiovasculaires majeurs dans le temps.
  • Ces observations ont été ensuite validées sur deux cohortes indépendantes, l’une américaine et l’autre européenne. 
  • Puis, des études mécanistiques ont souligné des taux élevés d’érythritol pouvaient contribuer directement à une hyperréactivité plaquettaire et à un risque accru de thrombose.
  • Les auteurs revendiquent la « nécessité de mener d’autres études de sécurité portant sur les effets à long terme des édulcorants artificiels en général, et de l’érythritol en particulier, sur les risques de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral, notamment chez les patients présentant un risque élevé de maladies cardiovasculaires. »

Pourquoi est-ce important ?

Plusieurs édulcorants intenses sont aujourd’hui autorisés en Europe et intégrés dans la formulation d’aliments et de boissons car ils sont globalement considérés comme sans risque par les autorités de santé. Il faut cependant noter que peu de données existent sur leur effet à long terme sur la santé. Or, de plus en plus de preuves épidémiologiques soulignent l’existence d’une association entre la consommation d’édulcorants artificiels et des phénotypes cardiométaboliques défavorables (surpoids/obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, mortalité …). L’érythritol est un sucre présent à l’état naturel en faible quantité, en revanche, les doses utilisées dans l’industrie alimentaire peuvent être jusqu’à 1.000 fois supérieures à celles retrouvées dans les fruits et légumes. Une enquête nationale américaine menée en 2013-2014 avait évalué la consommation quotidienne d’érythritol à 30 g/jour. 

Méthodologie

Les chercheurs ont réalisé des études métabolomiques non ciblées pour évaluer les taux circulants de plusieurs polyols (en particulier de l’érythritol) et le risque incident d’événements cardiovasculaires majeurs associés (MACE comprenant le décès d’origine cardiaque, l’infarctus du myocarde non fatal et l’accident vasculaire cérébral). Puis une relation quantitative a été recherchée sur deux cohortes indépendantes de validation (américaine et européenne) pour examiner la relation entre niveaux plasmatiques d’érythritol et incidents MACE. Puis l’impact de l’érythritol sur la fonction plaquettaire chez l’être humain a été observé après ingestion de boissons contenant de l'érythritol et sur des modèles animaux atteints de lésions artérielles.

Principaux résultats

Les résultats issus d’études longitudinales métabolomiques non ciblées, portant sur des sujets soumis à une évaluation du risque cardiaque (n=1.157) a montré une association entre les taux circulants de polyols (en particulier d’érythritol) et le risque de MACE incident sur 3 ans (hazard ratio ajusté ou HRa 3,22 [1,91-5,41], p<0,0001).

D’autres études métabolomiques ciblées de validation menées sur une cohorte indépendante d’origine américaine (n = 2.149) et européenne (n = 833) ont confirmé l’existence d’une association entre les taux d’erythritol et les risques de MACE (HRa4e quartile vs 1er quartile 1,80 [1,18-2,77] pour la cohorte américaine et 2,21 [1,20-4,07] pour la cohorte européenne).

Au niveau physiologique, une augmentation marquée et durable (>2 jours) des taux plasmatiques d’érythritol a été observée au cours d’une étude pilote, prospective, menée chez huit volontaires sains ayant ingéré de l’érythritol. Les seuils plasmatiques d’érythritol atteints étaient bien au-delà des seuils associés à une augmentation de la réactivité plaquettaire et à un potentiel de thrombose accru.