ERS 2023 - Asthme, BPCO : ne pas négliger les causes et aggravations d’origine environnementale
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« On tend à oublier que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) n’est pas seulement une maladie liée au tabac, notamment dans les pays à revenu moyen ou faible. Les BPCO d’origine professionnelle concerneraient pourtant 14% des cas diagnostiqués, et jusqu’à un tiers de ceux posés chez des non-fumeurs ! » a insisté Sara de Matteis (Université de Cagliari, Italie) au cours d’une session du congrès de l’European Respiratory Society (9-13 septembre 2023, Milan). Pourtant, les environnements professionnels incriminés sont nombreux et disparates (BTP, industrie textile, agroalimentaire, métallurgie, agriculture…). « Une étude de la UK Biobank a montré que même dans un pays comme le Royaume-Uni où les lois sur la santé au travail sont strictes, le sur-risque durant la vie professionnelle est clairement significatif, y compris chez les non-asthmatiques et les non-fumeurs ». Concernant les personnels d’entretien, par exemple, certaines études avancent un surrisque de 43% sur une vie entière, notamment lorsqu’ils sont exposés à des composés chlorés ou des ammoniums quaternaires.
On estime également qu'environ 15% des cas d'asthme chez l'adulte sont dus à une exposition professionnelle, qu'il s'agisse de sensibilisation ou d'irritation. Ces cas sont probablement sous-estimés, et l’origine professionnelle souvent négligée. Toujours chez les personnels d’entretien, ce risque serait par exemple 1,5 fois plus élevé que chez les autres, et constitue un facteur important d’avoir un asthme non contrôlé chez ceux qui ont un asthme pré-existant.
Sur le plan clinique, l’asthme d’origine professionnelle est plus facile à identifier lorsque les manifestations apparaissent au moment d’une nouvelle activité professionnelle ou une nouvelle fonction, exposant à un nouvel agent à risque. Dans tous les cas, le diagnostic et l’identification du composé doivent être posés de façon précise et conduire à des examens appropriés, car selon les cas, la conduite à tenir ne sera pas la même. Les composés de haut poids moléculaires, comme les protéines d’origine végétale ou animale, favorisent plutôt une sensibilisation IgE médiée. Des composés plus petits (réactifs chimiques, métaux, poussières de bois…) favorisent eux une sensibilisation non IgE médiée. « Dans les deux cas, un asthme lié à l’un de ces types de sensibilisation impose un arrêt complet et précoce de l’exposition, malgré toutes les difficultés professionnelles que cette préconisation impose, » a reconnu Irmeli Lindstrom (Finnish Institute of Occupational Health, Finlande). Les irritants (composés inorganiques), eux, favorisent une atteinte épithéliale avec une inflammation neutrophile, conduisant à un asthme par irritation. « Cette présentation nécessite des mesures de protection du travailleur afin qu’il ne soit pas soumis à de hauts niveaux d’exposition. C’est le plus souvent suffisant pour contrôler la maladie », a précisé la spécialiste. Enfin, parallèlement aux asthmes d’origine professionnelle, l'asthme exacerbé par une exposition professionnelle à des irritants représente environ 20% des asthmes liés au travail. Dans ce cas, il est préconisé de veiller à une exposition minimale au composé.
Ne pas négliger l’alimentation
De plus en plus de données confortent l’existence de liens entre alimentation et BPCO : l’inflammation et le stress oxydant sont en effet des facteurs de risque de la maladie, que des nutriments peuvent contrer. Raphaelle Varraso (CESP, Inserm, Paris) a passé en revue les preuves aujourd’hui disponibles sur le sujet, relatives aux vitamines E, C et A, aux oméga 3, aux polyphénols et, indirectement, aux fibres. En attendant la consolidation du niveau de preuve sur le sujet, et malgré toutes les difficultés méthodologiques liées à ce type d’études, un pan de la littérature décrit toutefois de façon plus pragmatique les liens existant entre le type de régime alimentaire et le risque de développer une BPCO : deux études transversales et deux études longitudinales ont rapporté une association entre le niveau d’adhésion à un régime équilibré, et un régime sain (mesuré à travers le score Alternate Healthy Eating Diet 2010, basé sur le recours à 11 éléments nutritionnels sains ou non) et l’existence d’une BPCO. En utilisant deux autres scores (Healthy and Unhealthy plant-based nutrition scores), des travaux ont permis d’observer dans des études dédiées que le niveau d’adhésion au régime sain est associé à un risque moindre de BPCO tandis que celui notifié à un régime non sain est associé à un risque accru de BPCO. Les travaux conduits en étudiant la fréquence de consommation de ‘western diet’ riche en produits transformés, confirment également un effet délétère vis-à-vis de la maladie.
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