Eras : enquête sur la prévention de l’infection à VIH chez les hommes ayant des rapports avec des hommes

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La population des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) représente une part majeure des personnes touchées par une infection à VIH. En 2019, en France, 43% des nouveaux cas diagnostiqués infectés par le VIH avaient été contaminés lors d’un rapport sexuel avec un homme. La prévention s’est profondément modifiée depuis quelques années, en ayant recours non seulement au préservatif, mais aussi à la prévention biomédicale : traitement post-exposition (TPE), prophylaxie pré-exposition (PrEP) et le traitement comme prévention (TasP).

Comment les HSH s’approprient-ils ces nouveaux outils ? C’est l’objet de l’étude Eras (Enquête Rapport Au Sexe – Santé publique France, Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales – Maladies infectieuses émergentes), qui s’intéresse aux HSH se déclarant négatifs pour le VIH au cours de leur dernier rapport anal (DRA) avec un partenaire occasionnel en 2017, 2019 et 2021. Les données présentées dans le numéro de novembre 2022 du BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire) sont issues d’enquêtes transversales, en ligne, auto-administrées et anonymes, conduites entre février et mars sur six semaines à chacune de ces trois années.

Diminution de l’usage du préservatif

Au cours de la période étudiée, le niveau de protection globale est resté stable, s’établissant à 75% en 2021. Le préservatif était l’outil de protection le plus utilisé, bien que son usage ait diminué : il a baissé de 22 points entre 2017 et 2021, année au cours de laquelle moins de la moitié des HSH séronégatifs avaient utilisé un préservatif lors de leur DRA avec un partenaire occasionnel. Et bien que les moins de 25 ans l’utilisaient plus que leurs aînés, ils n’étaient plus que 56% à l’utiliser en 2021 contre 71% en 2017.

Augmentation de l’utilisation de la PrEP

En revanche, l’usage de la PrEP augmente, atteignant 28% des HSH enquêtés en 2021, surtout parmi les 35 ans et plus. Il reste cependant en deçà du possible, puisque ce moyen de prévention était connu par 86% de la population répondante en 2019 et que la majorité de celle-ci y était éligible au regard des recommandations françaises. L’épidémie de Covid-19 a eu un impact certain sur la diffusion de la PrEP : parmi les 11% d’utilisateurs de PrEP avant le confinement, 59% ont déclaré l’avoir arrêtée pendant le confinement et 15% ne l’utilisaient pas au moment de l’enquête en 2020 (édition spéciale de Eras). Il faut sans doute invoquer aussi le fait que sa prescription était réservée aux spécialistes hospitaliers ou exerçant dans un centre spécialisé jusqu’au 1er juin 2021, date à laquelle elle a été ouverte aux médecins généralistes.

Reste que 25% des répondants de l’étude Eras n’avaient aucune protection lors de leur DRA avec un partenaire occasionnel et que 62% avaient réalisé moins de 3 tests de dépistage au cours de l’année.

Même s’ils indiquent des tendances, ces résultats sont à prendre avec précaution : il existe un biais de sélection du fait du mode de recrutement de l’étude, privilégiant les HSH « identitaires ».