Épilation à la lumière intense pulsée : cette pratique devrait être mieux encadrée !
- Fanny Le Brun
- Actualités Médicales
L’épilation à la lumière intense pulsée (intense pulsed light ou IPL) est une pratique en expansion depuis les années 2000. Elle repose sur la destruction du poil et du bulbe pileux par effet thermique. La lumière émise cible la mélanine présente dans le follicule pileux tout en minimisant autant que possible l’énergie déposée dans les tissus proches pour éviter les brûlures. Cependant, la quantité d’énergie déposée dans les poils et la peau dépend non seulement des caractéristiques de l’appareil, mais aussi de celles de la personne à épiler : couleur de peau, contraste entre la couleur de la peau et celle des poils, sensibilité particulière… Ainsi, cette technique peut provoquer des effets indésirables : douleur, brûlures, cloques, croûtes… potentiellement graves en cas de mésusage : troubles de la pigmentation, lésions oculaires… De plus, elle pourrait entraîner un retard de diagnostic de cancer de la peau en dénaturant la couleur de lésions précancéreuses et ainsi, par exemple, empêcher la détection précoce de mélanomes.
Ces risques sont d’autant plus importants que les appareils IPL peuvent être utilisés par des professionnels mais aussi par des particuliers. Pour prévenir ces risques, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) émet quelques recommandations.
Inscrire les appareils IPL dans la réglementation relative aux dispositifs médicaux
Selon l’Anses, la mise sur le marché des appareils IPL devrait être conditionnée au respect des mêmes dispositions que les dispositifs médicaux mettant en œuvre des technologies équivalentes, comme le laser. Ainsi, des études de tolérance préalables à leur mise sur le marché, aussi rigoureuses que celles réalisées pour les dispositifs médicaux, devraient être réalisées.
Améliorer la formation des professionnels
Selon un arrêté de 1962, l’utilisation d’autres dispositifs que la cire et la pince à épiler pour des actes d’épilation doit être réservée uniquement aux médecins. Cependant, l’épilation à la lumière pulsée s’est développée chez certains professionnels en dehors de ce cadre légal, notamment à cause d’une situation réglementaire incohérente car les salons d’esthétique ont la possibilité d’utiliser ces appareils pour réaliser des soins de photorajeunissement. Plus récemment, des arrêts du Conseil d’État (2019) et de la Cour de Cassation (2021) sont venus limiter la portée de cette exclusivité aux médecins.
Aujourd’hui, les niveaux de formation des professionnels amenés à utiliser ces appareils dans le milieu de l’esthétique sont hétérogènes. « Le fonctionnement et les principes d’interaction avec la peau peuvent être méconnus ou mal compris par certains professionnels et par les particuliers », explique Rémi Poirier, coordinateur de l’expertise à l’Anses. L’Agence recommande alors la constitution d’un référentiel de formation spécifique à l’utilisation de ces appareils afin que les professionnels de l’esthétique puissent disposer d’un socle commun de formation qui leur permettrait d’obtenir certaines compétences, comme la capacité à identifier les situations pour lesquelles un diagnostic dermatologique préalable est requis.
Informer les utilisateurs des contre-indications et bonnes pratiques
L’Anses recommande aux fabricants d’appareils IPL destinés aux particuliers de mieux les informer des contre-indications et des précautions à prendre avant toute épilation. Par exemple, l’épilation à la lumière pulsée est déconseillée dans les cas suivants :
- Anomalie de la peau ou maladie cutanée sur la zone à épiler ;
- Prise médicamenteuse de traitements photo-sensibilisants et anticoagulants ;
- Application de tout produit sur la zone épilée ;
- Couleur de peau ou nature du poil non adaptés (personnes albinos, poils dépigmentés, duvet…) ;
- Exposition, avant ou après l’épilation, aux UV naturels ou artificiels ;
- Épilation des sourcils (risques de lésions des yeux) ;
- Mineur de moins de 15 ans ;
- Grossesse, allaitement et prise de traitements hormonaux susceptibles de modifier la pilosité ;
- Tatouage sur la zone à épiler.
Par ailleurs, que l’appareil soit utilisé par un professionnel ou à domicile, il est recommandé de :
- Porter des lunettes de protection ;
- Ne pas épiler les zones proches des yeux ;
- Raser au préalable et laver au savon traditionnel la zone à épiler ;
- Ne pas utiliser d’anesthésique durant une séance d’IPL ;
- Ne pas exposer plus d’une fois la même zone au faisceau IPL au cours d’une même séance ;
- Espacer les séances d’un mois minimum.
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