Epidémie silencieuse de résistance aux antibiotiques : où en sont les vaccins ?
- Marie Torre
- Actualités Médicales
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fait le point sur les vaccins disponibles ou en cours de développement pour lutter contre les bactéries résistantes aux antibiotiques. (1)
Un fléau silencieux
La résistance des bactéries, virus, champignons et parasites aux antimicrobiens (« Anti-Microbial Resistance », AMR) est responsable de près de 4,95 millions de décès chaque année dans le monde (données 2019). (1)
Les projections actuelles estiment qu’en 2050, la résistance aux antimicrobiens pourrait être à l’origine de 10 millions de décès par an, soit 1 décès toutes les 3 secondes. Comparativement, les cancers pourraient être responsables en 2050 de 8,2 millions de décès et le diabète de 1,5 million de décès. (2)
La menace de l’AMR ne se limite pas au manque de traitements efficaces contre ces infections. Elle compromet également de nombreuses procédures médicales classiques, qui nécessitent un contrôle des infections secondaires : chirurgie, prise en charge des traumatismes physiques ou des cancers, traitement du VIH, de maladies rénales ou hépatiques… (1)
Les vaccins contre la résistance aux antimicrobiens
Les vaccins sont des armes puissantes pour prévenir les infections, diminuer la consommation d'antibiotiques et ainsi lutter contre la progression de l’AMR. (1)
L’OMS a recensé 61 candidats-vaccins en développement clinique actif et 94 candidats en développement préclinique. Elle a classé ces vaccins en 4 groupes, selon leur faisabilité et leur stade de développement clinique.
Les vaccins déjà disponibles
En 2017, l’OMS avait publié une liste recensant les 12 « pathogènes prioritaires » résistants aux antibiotiques les plus menaçants pour la santé humaine. Il existe déjà des vaccins dirigés contre 4 des bactéries de cette liste : Salmonella enterica sérotype Typhimurium (fièvre typhoïde), Streptococcus pneumoniae (pneumoccocie), Haemophilus influenzae type b (Hib ; pneumonie à Hib) et Mycobacterium tuberculosis (tuberculose).
Selon l’OMS, les vaccins BCG actuels ne protègent pas suffisamment contre la tuberculose et il conviendrait d’accélérer le développement de nouveaux vaccins. Les trois autres vaccins sont efficaces : augmenter leur couverture vaccinale en vaccinant un plus grand nombre de personnes permettrait de potentialiser leur impact sur l’AMR.
Les vaccins en phase avancée d'essais cliniques
Ces vaccins présentent un fort potentiel de développement et sont dirigés contre : Escherichia coli extra-intestinal (ExPEC), Salmonella enterica ser. Paratyphi A, Neisseria gonorrhoeae et Clostridioides difficile. Pour l’OMS, les efforts de développement autour de ces vaccins doivent être poursuivis et, si possible, accélérés.
Les vaccins-candidats
Les vaccins-candidats sont en phase d’essais cliniques précoces ou présentent un potentiel de développement modéré à élevé. Ils sont dirigés contre : E. coli entérotoxinogène (ETEC), Klebsiella pneumoniae, Salmonella non typhoïde (NTS), Campylobacter spp. et Shigella spp.
Ces vaccins pourraient être disponibles dans un avenir lointain. A court terme, les solutions pour réduire l’AMR devraient se concentrer sur d'autres modes d’intervention.
L’absence de vaccin en développement
Il est aujourd’hui peu probable que des vaccins soient disponibles contre : Acinetobacter baumannii, Pseudomonas aeruginosa, Enterobacter spp., Enterococcus faecium, Staphylococcus aureus et Helicobacter pylori. Des mesures alternatives doivent être envisagées pour prévenir ces infections résistantes. L’absence de traitement en développement contre A. baumannii et P. aeruginosa est préoccupante, compte tenu de la menace qu’ils représentent.
« Des solutions qui sortent de l’ordinaire sont nécessaires pour étoffer la filière et accélérer la mise au point de vaccins. Les enseignements tirés du développement de vaccins contre la COVID-19 et des vaccins à ARNm offrent des possibilités sans équivalent de mettre au point des vaccins contre ces bactéries » a déclaré le Dr H. Getahun, directeur au sein de la Division AMR de l’OMS.
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