Épidémie printanière d’hépatite pédiatrique d’origine inconnue : bilan européen et hypothèses

  • Romaní Vidal A & al.
  • Euro Surveill

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Début avril 2022, plusieurs cas d’hépatite d’origine inconnue dans la population des enfants britanniques de 2-5 ans ont alerté la communauté scientifique et incité à la mise en place d’une surveillance européenne des cas. L’analyse de l’ensemble des notifications européennes d’hépatites aiguës négatives pour les virus de l’hépatite A-E a été menée sur les six premiers mois de l’année 2022 afin d’en dégager quelques enseignements.

Principales observations

Sur le plan épidémiologique, 427 cas ont été signalés par 20 pays. Il apparaît que l’alerte a été principalement lancée en semaine 12, par le Royaume-Uni, face à un pic de cas (n=28). Le pic européen a eu lieu autour des semaines 17 à 18, après lesquelles les chiffres ont progressivement diminué. Un tiers des cas (32,2%) ont été admis en unité de soins intensifs et 8,7% ont nécessité une transplantation hépatique ou une inscription sur liste d'attente pour transplantation.

Sur le plan virologique, 62,0% des 376 cas testés étaient positifs pour au moins un agent pathogène. Ils étaient 53,5% parmi les 325 ayant bénéficié d’une telle recherche à avoir un résultat positif à adénovirus.

Les enfants de 0-5 ans représentaient les trois quarts des cas (77,3%). La positivité à l'adénovirus était plus élevée parmi eux que les enfants plus âgés (OR 2,32 [1,28-4,21]).

Les enfants âgés de 0 à 5 ans représentaient la majorité des cas (77,3%, n=330). La positivité à l'adénovirus était la plus élevée chez les enfants âgés de 0 à 5 ans (59,8%), avec un RC de 2,32 [1,28-4,21]. Le pourcentage de cas admis en USI était de 36,3% chez les enfants âgés de 0 à 5 ans, les enfants âgés de 0 à 5 ans représentant la majorité des cas (77,3%). Seuls quatre cas positifs pour le SARS-CoV-2 ont été admis en soins intensifs et un cas a nécessité une transplantation hépatique.

Par ailleurs, parmi les 393 cas touchant des moins de 10 ans, 63,4% ont été recensés au Royaume-Uni. Parmi eux, la prévalence de l'infection à adénovirus était de 63,6% alors qu’elle n’était que 35,3% pour les autres pays (p<0,001), un phénomène confirmé après ajustement sur l'âge (OR 3,10 [1,90-5,07]).

Enfin, si l’admission en USI a été plus fréquente parmi les cas du Royaume-Uni que les autres, cette association n'était plus statistiquement significative lorsqu’elle était incluait la positivité à l’adénovirus.

Hypothèses et incertitudes

Plusieurs questions restent posées : le phénomène est-il apparu au Royaume-Uni ou le pays est-il le premier à l’avoir repéré ? Le lien observé entre les cas d’hépatite aiguë, leur sévérité et le portage de l’adénovirus nécessite des éclaircissements : la significativité de l’association disparaît lorsque les données du Royaume-Uni et du reste de l’Europe sont analysées séparément. Il est possible que l’adénovirus soit en cause, mais il est aussi possible que l’association soit une coïncidence calendaire, simplement liée au fait que les plus jeunes enfants sortaient d’une période où ils ont été exposés de façon moindre à la circulation des virus habituels.