Envenimation scorpionique : que retenir ?
- Résumé d’articles
L’envenimation scorpionique est fréquente dans les zones tropicales et subtropicales, et notamment sur plusieurs départements et territoires français ultramarins. Sur le territoire français, sa fréquence varie de 0 à 90 envenimations/100.000 habitants/an. Si des envenimations scorpioniques ont été décrites dans toutes les régions sauf la Bretagne, elles sont plus fréquentes en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Guyane française.
Dix pour cent des piqûres de scorpion rapportées aux centres antipoison français sont en rapport avec une espèce non autochtone (cas étrangers, scorpions importés de façon intentionnelle ou non). En France, hormis les cas d’envenimation scorpioniques en Guyane ou aux Antilles, la piqûre de scorpion n’entraîne que des symptômes mineurs.
Qui sont les personnes les plus à risque ?
Si les envenimations scorpioniques sont plus fréquentes chez les adultes, le risque de complications est quant à lui plus important chez l’enfant. Quatre situations spécifiques d’envenimation nécessitent une évaluation médicale immédiate même en dehors des zones présentant des scorpions dont le venin est mortel : la femme enceinte, l’enfant de moins de 12 ans en Guyane française, les troubles musculaires suite à une envenimation en Guadeloupe ou une envenimation par un scorpion d’importation identifié comme mortel ou non identifié. Aucune donnée chez l’être humain n’est disponible sur l’envenimation de la femme allaitante et des conséquences de l’allaitement.
Une dangerosité différente selon l’espèce
En France métropolitaine il existe sept espèces de scorpions appartenant à différents genres :
- Genre Buthus : Jaune, le corps peut virer au gris ;
- Genre Tetratrichobothrius/Euscorpius : corps, pinces et queue noires, pattes jaune translucide ;
- Genre Belisarius : brun orangé, trouvé uniquement sur les hauteurs des Pyrénées- Atlantiques.
Aux Antilles françaises, 13 espèces de scorpions ont été décrites, 10 espèces dans les îles des océans Indien et Pacifique, et 38 en Guyane française.
Les envenimations par Tityus obscurus (Guyane), Tityus silvestris (Guyane) et Centruroides pococki(Antilles françaises) peuvent conduire à des formes sévères. En dehors des envenimations par Tityus obscurus chez les moins de 12 ans, seules les envenimations scorpioniques avec les espèces Buthusd’Afrique du Nord sont mortelles. Les toxines se lient de manière irréversible aux récepteurs cibles.
Difficile encore de comprendre les différences de dangerosité des envenimations, d’autant plus que le venin de l’espèce Buthus présente de grandes similarités avec celui des autres espèces. Dans les formes non mortelles, de rares cas d’infection cutanée ont été décrits la semaine suivant l’envenimation. Une antibiothérapie probabiliste par bêtalactamines doit être prescrite. La libération du venin peut également être responsable d’atteintes cardiaques, de bronchospasmes avec toux et dyspnée sifflante, œdème aigu des poumons. Certains signes neuromusculaires peuvent apparaître, des accidents vasculaires cérébraux ont été décrits avec des scorpions non présents sur le territoire français, ainsi que des signes digestifs (douleurs abdominales, vomissements, accélération du transit, pancréatite ou cytolyse hépatique), urinaires (priapisme), endocrinologiques (l’hyperglycémie est un marqueur de la sévérité).
Que faire en cas de suspicion d’envenimation scorpionique ?
- En Guyane et aux Antilles françaises, une évaluation médicale d’urgence est nécessaire en cas de suspicion d’envenimation scorpionique.
- En cas de symptômes ou pour les 4 profils et situations à risque décrites plus haut, une prise en charge hospitalière est nécessaire avec examens complémentaires au besoin.
- L’identification du lieu de la piqûre et des caractéristiques de l’animal (taille, couleur, aspect gros ou petit des pinces) est souhaitable pour une prise en charge médicale optimale.
- Lavage et désinfection de la plaie (pour limiter le risque de surinfection).
- Prise en charge de la douleur par anesthésique en topiques (certains cas nécessitent des opioïdes de palier III).
- Les envenimations scorpioniques n’induisent pas de symptôme au-delà de la 12e heure ou de complication à long terme.
- Corticoïdes, inhibiteurs de l’enzyme de conversion et sartans ne doivent pas être utilisés en phase initiale post-envenimation car ils aggravent le pronostic.
- En l’absence d’évaluation spécifique, l’utilisation d’antiémétiques, d’antidiarrhéiques ou de tout autre traitement symptomatique ne semble pas présenter de risque.
- L’utilisation des pompes aspirantes et du choc thermique sont controversées.
- La prise en charge thérapeutique de l’envenimation scorpionique repose sur les anti-venins (utilisation avec précaution car ils agissent uniquement lorsque la toxine n’est pas encore liée à ses récepteurs cibles), la prazosine (alpha-bloquant utilisé hors AMM en cas d’hypertension artérielle causée par la décharge de venin, molécule réservée au plus de 12 ans en France), la dobutamine (si choc cardiogénique) et les benzodiazépines (pour réduire les troubles neuromusculaires). Les antivenins non pas d’intérêt en cas d’envenimation en métropole par un scorpion autochtone. Ces traitements sont administrés dans le cadre d’une prise en charge hospitalière.
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