Entretiens de Nutrition 2023 – La minipuberté : quelques semaines cruciales pour le devenir du nouveau-né
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
Le phénomène de minipuberté, qui se produit au cours des 1 à 3 mois suivant la naissance, a été décrit et compris récemment chez l’animal comme chez l’Homme. Cette période, qui correspond à la première activation de l’axe reproducteur, semble non seulement jouer un rôle important dans le développement de la fonction reproductive des femmes et des hommes, mais aussi pour le neurodéveloppement : fonctions sensorielles (olfaction, audition) et processus d’apprentissage. Au cours des 24eEntretiens de Nutrition (1er juin 2023, Lille), Vincent Prevot (UMR S1172, Université de Lille) en a explicité les principes, mécanismes et enjeux.
Cette minipuberté implique les différents niveaux de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique (HHG). Schématiquement, elle repose sur l’activation d’un petit groupe de neurones à gonadolibérine (GnRH) dont les corps cellulaires sont localisés dans la région préoptique et tubérale de l’hypothalamus. La GnRH est sécrétée transitoirement durant cette minipuberté, pour activer la production de FSH et de LH (la première prédominant chez les filles, la seconde chez le garçon) puis d’hormones stéroïdiennes par les gonades qui assurent alors une boucle de rétroaction sur l’axe HHG après passage systémique.
Au cours de ce processus précoce, le monoxyde d’azote (NO) joue un rôle déterminant : en effet, les neurones hypothalamiques qui expriment les récepteurs aux hormones stéroïdiennes produisent normalement le NO, qui influence à la fois l’amplitude et le caractère transitoire de la minipuberté, en modulant l’activité des neurones à GnRH.
Les perspectives encourageantes du NO inhalé.
Étant donné les caractéristiques de cette période précoce de la vie, plusieurs facteurs peuvent perturber ce mécanisme et conduire à l’apparition de troubles ultérieurs. Dans un premier temps, ce mécanisme endocrine est par définition sensible aux perturbateurs endocriniens. De fait, l’impact de l’exposition des jeunes enfants à ces composés au cours des 1.000 premiers jours de vie pourrait favoriser des troubles de la fonction de reproduction ou du neurodéveloppement.
Par ailleurs, il a été décrit que « durant cette minipuberté, les filles nées avant la 37esemaine de grossesse ont des taux de FSH 200 fois plus élevés que l’enfant fille née à terme » a rapporté le chercheur. Or, il est parfaitement décrit que les troubles cognitifs et neurodéveloppementaux sont d’autant plus sévères que la prématurité est importante. Ce phénomène pourrait reposer sur un déficit en NO, du fait d’un défaut de synthèse par la NO synthase (NOS1). En effet, chez l’humain, l’hypogonadisme hypogonadotrope congénital, une maladie rare caractérisée par des troubles de la puberté ou de la fertilité et, pour certains, des troubles sensoriels et cognitifs (perte d’audition ou d’odorat ou encore déficience intellectuelle), a été récemment décrit comme étant associé à une mutation de NOS1.
Des études précliniques ont montré que les souris dont le gène NOS1 avait été inactivé présentaient également des troubles de la fertilité et du neurodéveloppement. Chez elles, « il est possible de rétablir une maturation sexuelle, des fonctions cognitives et des fonctions sensorielles normales en leur faisant inhaler du NO » a rapporté Vincent Prévot. « Chez le prématuré, l’inhalation de NO est envisagée pour favoriser la maturation et la vascularisation pulmonaire. Aussi, maintenir ce traitement durant la phase de minipuberté pourrait aider à améliorer le neurodéveloppement ». C’est en tout cas ce que souhaitent vérifier les investigateurs de l’étude européenne miniNO, portée en France par le CHU de Lille. Le suivi des enfants depuis la naissance jusqu’à 2 ans d’âge permettra d’y voir plus clair.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé