Entretiens de Nutrition 2022 - Une multitude de freins favorise la résistance à l’amaigrissement
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
La prise en charge de l’obésité se confronte à beaucoup d’échecs, notamment à moyen et long terme. Certaines méta-analyses montrent que 1/3 du poids perdu est repris dans l’année qui suit et les 3/4 dans les 3 à 5 ans suivant la prise en charge. Le phénomène existe aussi chez les sujets ayant eu une chirurgie bariatrique par bypass. Dans le syndrome métabolique (SM) ou le diabète de type 2 (DT2), les reprises de poids sont encore plus évidentes, notamment à long terme. Une session des Entretiens de Nutrition de l'Institut Pasteur de Lille a proposé un tour d'horizon sur les mécanismes en cause.
Du niveau tissulaire au niveau comportemental
La perte de poids conduit à une reprise via des mécanismes homéostasiques, aux comportements et modes de vie, ainsi qu’à l’environnement. La perte de poids conduit notamment à une perte de masse grasse et de masse maigre, se traduisant par une diminution du métabolisme basal. L’adaptation métabolique suite à régime hypocalorique puis son rééquilibrage favorise une reprise pondérale avec une prise excessive de masse grasse, à l’origine de l’effet yoyo : en effet, la perte de poids conduit à augmenter la ghréline et la sensibilité à l’insuline, tandis que la stimulation du système nerveux sympathique et la leptine (et donc la sensation de faim) sont augmentées. Ces mécanismes sont durables malgré une adaptation de l’alimentation.
Au niveau adipocytaire, plusieurs mécanismes interviennent : le premier est que le nombre d’adipocytes acquis tôt dans la vie persiste même si leur volume diminue, ce qui rend inchangé le potentiel de prise de poids. Par ailleurs, il existe un défaut de lipolyse chez le sujet obèse, avec une lipogenèse qui reste importante malgré la perte de poids. En cas d'IMC élevé, l’adipocyte se retrouve dans un tissu fibrosé. Or, plus le tissu adipeux est inflammatoire, et fibreux, plus il est difficile d’en réduire le volume. Ceci a été montré après chirurgie bypass (les mauvais répondeurs sont ceux qui ont le plus de fibrose dans leur tissu adipeux) ou après une prise en charge nutritionnelle.
Au niveau central, la perte de poids est difficile dans les cas particuliers d’obésité hédonique liée à des dysfonctions neuronales, notamment du fait que les récepteurs à dopamine sont déficitaires. Sur le plan clinique, cela conduit à des vulnérabilités addictives qu’il faut considérer pour proposer une stratégie thérapeutique adaptée.
Enfin, il existe de nombreux facteurs psychocomportementaux, cognitifs, psychologiques (confiance en soi, motivation, capacités d’adaptation, rigidité…) et sociétaux (double pression psychologique et environnementale, accès et remboursement des soins...). Il est essentiel de bien identifier tous les freins à la perte de poids et proposer une éducation thérapeutique et une prise en charge adaptée à la personne (objectif atteignable, âge, première prise en charge ou non, comorbidités, répartition de la surcharge pondérale, activité physique…) centrée sur l’IMC ou la prévention des complications.
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