Enquête Trajectoires et Origines : le sentiment de discrimination augmente
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
L’enquête Trajectoires et Origines (TeO) a pour objectif de « réaliser des analyses fines sur les principaux groupes de population qui ont une expérience directe ou indirecte de la migration vers la France métropolitaine. » Une première version a été conduite en 2008-2009. Les résultats de la seconde, portant sur environ 27.000 personnes âgées de 18 à 49 ans « vivant en logement ordinaire », permettent d’observer les évolutions survenues en dix ans dans le domaine des discriminations.
Chez les femmes, un sentiment de discrimination d’abord lié à leur sexe
À la question : « Au cours des cinq dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations ? », la proportion de personnes ayant répondu positivement est passée de 14 à 19 %. Cela peut traduire deux phénomènes, non exclusifs : l’augmentation de fait des discriminations, une plus grande sensibilité à la question de la part des personnes interrogées.
C’est vraisemblablement ce second point qui rend principalement compte de l’augmentation du sentiment de discrimination chez les femmes, passé de 13 à 21% (de 13 à 16% chez les hommes), motivé par leur sexe pour 46% des femmes concernées (contre 28% dix ans avant).
Un sentiment qui se diffuse à tous les enquêtés quelle que soit leur origine géographique
Chez les hommes, l’origine géographique reste le principal motif de discrimination (58% des hommes concernés, versus 32% pour les femmes). Chez les immigrés et descendants originaires du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne, ce motif est en baisse, mais compensé par une discrimination ressentie pour motif religieux : 11 % des personnes se déclarant de confession musulmane rapportent des discriminations religieuses, contre 5 % en 2008-2009, et parmi celles ayant déclaré une discrimination, un tiers les attribue à leur religion, alors qu’elles n’étaient que 15 % dans ce cas dix ans auparavant.
Cependant, les discriminations selon l’origine deviennent plus diffuses et concernent de plus en plus des personnes originaires du Moyen-Orient (Turquie essentiellement), d’Europe et d’Asie.
Les autres facteurs favorisant une discrimination sont le chomâge (risque multiplié par 1,5 pour les hommes, 2,0 pour les femmes), l’état de santé (risque presque doublé en cas d’altération) et le fait d’être diplômée du supérieur pour les femmes (1,7 fois plus de risque que les femmes diplômées du secondaire).
Comme il y a dix ans, très peu de personnes victimes de discriminations ont entrepris une démarche auprès d’une association, d’un syndicat ou du Défenseur des droits (7%) et seules 2% ont porté plainte : « Près de la moitié des personnes se disant discriminées n’ont rien fait parce qu’elles pensent qu’entamer une démarche ne servirait à rien. » Ce sont les personnes déclarant une discrimination en relation à leur état de santé ou handicap qui sont les plus susceptibles de faire valoir leurs droits : 7 % ont porté plainte.
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