Endométriose et prématurité : un lien ?

Pourquoi est-ce important ?

L’endométriose est une pathologie inflammatoire chronique affectant 10 à 15% des femmes en âge de procréer à travers le monde. Compte tenu des limites des études précédemment menées, on ne sait toujours pas si l’endométriose a ou non des conséquences délétères chez les femmes enceintes. Le caractère rétrospectif, l’absence d’ajustement sur certains facteurs de confusion, l’absence de groupe contrôle sont autant de limites méthodologiques que les chercheurs ayant mené l’étude présentée ici ont tenté de dépasser.

Méthodologie

Cette étude prospective est basée sur les données d’une cohorte de femmes enceintes suivies au sein de 7 maternités françaises entre le 4 février 2016 et le 28 juin 2018. Les femmes avaient des grossesses uniques. Celles qui avaient des antécédents d’endométriose ont été classées dans le groupe « endométriose » selon 3 phénotypes : endométriose péritonéale superficielle isolée (EPSI), endométriose ovarienne (EO ± associée à une EPSI) et endométriose profonde (EP ± associée à une EPSI et ± à une EO). Les femmes du groupe témoin n’avaient pas d’antécédents ou de symptômes cliniques d’endométriose avant leur grossesse. Le critère principal d’évaluation était la naissance prématurée définie par une naissance entre 22 semaines et 36 semaines et 6 jours de grossesse.

Principaux résultats

Au total, 1.351 femmes ayant accouché au-delà de 22 semaines de grossesse ont été incluses dans les analyses (âge moyen 32,9 ans) dont 470 dans le groupe endométriose. Parmi ce dernier, 72,1% des femmes avaient eu une forme profonde, 17,7% une forme ovarienne et 10,2% une forme EPSI isolée. La proportion de femmes âgées de 35 ans et plus, ayant un IMC inférieur à 18,5 kg/m² et originaires d’Europe était plus importante dans le groupe endométriose que dans le groupe contrôle.

Le taux de naissance prématurée était similaire entre les femmes qui avaient des antécédents d’endométriose et celles qui n’en avaient pas (respectivement 7,2% versus 6,0%, p=0,38) et ce, même après ajustement sur l’âge de la mère, l’IMC avant la grossesse, le pays de naissance, la parité, les antécédents de césarienne, les antécédents de myomectomie, d’hystéroscopie ou d’une première naissance avant terme. Les résultats étaient également comparables si l’on tenait compte des différents phénotypes d’endométriose.