Endométriose, douleur pelvienne et abus sexuels durant l’enfance
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Une étude française monocentrique confirme que les antécédents d’abus sexuels pendant l’enfance et/ou l’adolescence sont associés à la présence de douleurs pelviennes sévères, mais ne met pas en évidence d’association entre le diagnostic d’endométriose et l’existence d’antécédents d’abus sexuels ou d’autres événements stressants de la vie [1].
L’état psychologique lors de cette période, notamment lors des moments-clés (début de la puberté ou de la sexualité) ne diffère pas entre les femmes ayant ou non une endométriose.
Cette étude permet de défricher un sujet dans lequel les données sont encore contradictoires. « Il n’est pas clair si l’abus sexuel est un générateur de douleur en soi, ou plutôt un amplificateur, [...] l’hypothèse d’un dysfonctionnement limbique pouvant déclencher une sensibilité accrue à la douleur et une innervation efférente anormale de la musculature pelvienne a également été évoquée », rapportent les auteurs de l’étude.
Pourquoi est-ce important ?
Des études antérieures, compilées dans une méta-analyse, confirment l’association entre des antécédents d’abus sexuels et la douleur pelvienne chronique (DPC). Ces événements stressants peuvent en effet altérer la réponse normale au stress, et favoriser la chronicisation de ce dernier et de l’inflammation, celle-ci étant favorable au développement ultérieur de troubles physiques. Plusieurs études se sont penchées sur les liens entre de tels antécédents et l’existence d’une endométriose, dont l’inflammation et les douleurs pelviennes sont deux paramètres importants, mais leurs résultats contradictoires. Aussi, cette étude visait non seulement à identifier les liens entre les deux à partir d’une cohorte ayant des DPC, dont certaines participantes avaient des lésions d’endométriose, mais aussi à évaluer si des facteurs cliniques pouvaient être plus spécifiquement retrouvés chez celles qui avaient été victimes d’abus sexuels au cours de leur enfance ou adolescence.
Méthodologie
Il s’agissait d’une enquête nichée conduite à partir d’une cohorte de femmes reçues dans le service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Cochin (Paris, France), constituée entre janvier 2013 et janvier 2017. Les femmes recrutées devaient ne pas être enceintes, avoir ≤42 ans et avoir l’une des indications chirurgicales suivantes : douleurs pelviennes d’intensité modérée à sévère depuis au moins six mois, présence d’une masse pelvienne (kystes ovariens bénins, myomes utérins...) ou un autre motif (saignements, ligature des trompes, infection pelvienne). Pour celles qui avaient des lésions d’endométriose confirmées chirurgicalement, elles étaient classifiées selon leur phénotype.
Une enquête de 52 questions a été envoyée en post-chirurgical aux femmes incluses et la réponse de celles qui avaient de l’endométriose a été comparée à celles des patientes sans endométriose (groupe témoin) : elle abordait les abus et autres événements de vie avant 18 ans (violences physiques, émotionnelles ou accidentelles, abus sexuels, traumatisme psychologique), le vécu psychologique de la puberté et les changements corporels (connaissances sur le corps féminin, sentiment aux premières règles...), les conditions psychologiques d’entrée dans la sexualité (sentiments concernant le premier rapport, consentement…) et les relations familiales pendant l’enfance et l’adolescence (environnement familial, relations et disponibilité parentales, harmonie familiale…).
Principaux résultats
Au total, 271 des 488 patientes interrogées ont répondu au questionnaire (âge moyen 32,2 ans, IMC moyen 22,3 kg/m²), parmi lesquelles 61,0% avaient de l’endométriose.
La fréquence des abus physiques/émotionnels ou sexuels déclarés était identique parmi les femmes ayant de l’endométriose et celles du groupe témoin.
Sur la cohorte globale, l’analyse multivariée met en évidence que la présence de DPC sévères est associée à des antécédents d’abus sexuels (OR 3,58 [1,22-10,38], p=0,019), mais ne montre pas d’association entre la présence d’endométriose et de tels antécédents (OR 0,79 [0,38-1,67], p=0,550).
Aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes concernant l’état psychologique pendant la puberté, les conditions psychologiques au début de la sexualité ou encore concernant l’environnement familial.
Principales limitations
Une partie de la cohorte n’a pas répondu au questionnaire, qui de plus, est soumis à un biais de rappel.
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