Encore trop de prescriptions inappropriées chez les sujets âgés

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Menée par le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE à partir des bases de données de l’Assurance Maladie, cette étude a évalué la prévalence des médicaments potentiellement inappropriés (MPI) et le niveau de polymédication chez les sujets de plus de 75 ans.
  • Les résultats montrent qu’en 2019 près de 40% des sujets étaient exposés à un MPI (un psychotrope le plus souvent) et, près des trois quart à une polymédication (au moins 5 médicaments).
  • L’exposition aux MPI augmentait avec le degré de polymédication et variait selon les régions.
  • Selon les auteurs, « ces résultats confirment que les personnes âgées françaises sont particulièrement exposées aux MPI et à la polymédication, et soutiennent la nécessité d’optimiser les prescriptions dans cette population ».

Pourquoi est-ce important ?

Une revue de la littérature a rapporté que les réactions indésirables aux médicaments étaient impliquées dans 9% des hospitalisations des sujets âgés. Créé fin 2018 par l’ANSM et la Cnam, EPI-PHARE réalise et coordonne des études de pharmaco-épidémiologie à partir des bases de données du Système National des Données de Santé. L’une d’elle vient d’évaluer la prévalence des médicaments potentiellement inappropriés et la polymédication chez des sujets âgés de plus de 75 ans en France. Ces MPI sont définis comme des médicaments qui devraient être évités autant que possible en raison de leur faible rapport bénéfice-risque en population âgée.

Méthodologie

Cette étude transversale a utilisé les bases de données de l’Assurance Maladie couvrant 99% de la population française, sur une période d’un an entre janvier et décembre 2019. La prévalence de 17 indicateurs de MPI (adaptés à partir des listes de Beers et STOPP 2015) a été évaluée au niveau national et régional, ainsi que la polymédication (prise de 5 à 9 médicaments en moyenne par trimestre) et l’hyperpolymédication (≥10 médicaments).

Principaux résultats

L’analyse des données de 6,7 millions de sujets âgés de 75 ans ou plus montre que 39,6% d’entre eux ont été exposés à au moins un MPI en 2019, 20,1% ont reçu 2 de ces médicaments et 10,9% quatre ou plus.

Les MPI les plus fréquents étaient ceux liés aux benzodiazépines (26,9%), suivis par ceux liés aux atropiniques (8,3%, antihistaminique H1 de première génération pour les 3/4), aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (7,8%), à l’association de 3 médicaments ou plus agissant sur le système nerveux central (7,3%), et aux antihypertenseurs (6,0%). Les femmes et les plus de 85 ans avec hyperpolymédication étaient les plus concernés par l’exposition à un ou plusieurs MPI.

Au cours de cette même période, 46,7% ont été exposés à une polymédication et 25,2% d’entre eux à une hyperpolymédication. Le niveau d’exposition aux MPI augmentait avec le degré de polymédication, quelle que soit la catégorie de MPI.

Par ailleurs, une variation de la prévalence des MPI a été observée en fonction des régions, allant de 36,5% dans les Pays-de-la-Loire à 44,8% dans les Hauts-de-France. Ils étaient moins fréquents dans les départements d’Outre-mer, allant de 26,3% à Mayotte à 37,3% en Guinée française.