Encore trop de femmes enceintes consomment de l’alcool, du tabac et des substances illicites !
- Nathalie BARRÈS
- Actualités Congrès
À retenir
- Une récente revue de la littérature montre une augmentation significative de la consommation de substances psychoactives est observée chez les jeunes femmes en âge de procréer et en période périnatale à travers le monde, et en particulier en Europe.
- L’éventail des complications associées à la consommation de ces substances durant cette période à haut risque pour la mère et l’enfant doit amener à une approche personnalisée et interdisciplinaire.
- « Toutes les femmes en âge de procréer doivent être informées des méfaits potentiels de la consommation prénatale de substances psychoactives et doivent être encouragées à arrêter leur consommation lorsqu’une grossesse est planifiée ou connue », soulignent les auteurs, rappelant « l’interrogation des femmes sur leur consommation d’alcool devrait être systématique lors de la première visite prénatale, puis à chaque visite prénatale jusqu’à l’accouchement ».
Pourquoi est-ce important ?
La grossesse est une période privilégiée pour aborder ces problématiques, car la santé du bébé est au cœur des préoccupations de l’immense majorité des futures mères. Or, il est admis que ces consommations constituent des risques graves pour la mère, le fœtus et le développement de l’enfant. Cette revue permet de prendre conscience de ces phénomènes à partir de données factuelles avec un focus sur les tendances européennes versus mondiales.
Méthodologie
Cette revue fait le point sur l’état des connaissances concernant la prévalence et les conséquences de la consommation de drogues, d’alcool et de tabac durant la grossesse. Elle s’appuie sur l’analyse de données publiées en français et en anglais entre 2000 et 2022 et complétées par des recommandations, des méta-analyses et des revues sur le sujet.
Principaux résultats
En préambule les auteurs rappellent que les femmes ne tolèrent pas ces substances (alcool, tabac, drogue) de la même façon que les hommes. Par exemple, à consommation équivalente, les concentrations sanguines d’alcool sont plus élevées chez les femmes que chez les hommes. Le métabolisme de la nicotine est plus rapide pour les femmes (en particulier lorsqu’elles sont sous contraceptif oral) pouvant conduire à une consommation accrue.
Plusieurs tendances fortes émergent de cette revue concernant la consommation de substances chez les femmes enceintes :
- Une enquête nationale menée aux États-Unis en 2012 a révélé que 6% des femmes enceintes consommaient des drogues illicites, 16% du tabac et 8,5% de l’alcool. Ces données ont permis d’extrapoler à 380.000, le nombre d’enfants exposés in utero à des substances illicites, à plus de 500.000 ceux exposés à l’alcool et à plus d’un million au tabac.
- La consommation d’alcool durant la grossesse est estimée à 20% en France et en Allemagne contre 8,7% aux États-Unis.
- Une cohorte française (724 femmes enceintes) a montré que la cotinine (produit de dégradation de la nicotine) était présente dans 20% des méconiums à la naissance, alors que 17,1% des femmes déclaraient avoir fumé au cours du 3e trimestre de grossesse et 7,8% avoir été exposées au tabagisme passif.
- La consommation de drogues ou d’alcool durant la grossesse peut tripler le risque de mortinalité et augmenter le risque de mort subite du nourrisson. La mortalité en périnatalité associée à la prise de drogues a augmenté de 190% entre 2010 et 2019 aux États-Unis.
- Les effets délétères de la consommation de drogue durant la grossesse comprennent notamment un risque de rupture prématurée du placenta, d’accouchement prématuré, de faible poids à la naissance, de mortinatalité, de syndrome d’abstinence néonatal (en particulier en cas d’exposition in utero aux opioïdes, aux analgésiques, au tabac, à l’alcool, aux benzodiazépines, aux barbituriques et même à la caféine) et de mort subite du nourrisson. Il existe également un risque accru de morbi-mortalité pour la mère.
À plus long terme, des effets négatifs de l’exposition in utero à des drogues comprennent des dysfonctionnements neurocognitifs, comportementaux et émotionnels chez le nourrisson.
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