Encore trop de décès évitables entre 5 et 15 ans dans le monde

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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La mortalité entre 0 et 5 ans est considérée comme un excellent indicateur de santé de la population d’un pays. Depuis les années 90, elle a considérablement baissé dans le monde, s’établissant aujourd’hui à 39 pour mille naissances en moyenne. Pour autant, il ne faut pas négliger le groupe d’âge compris entre 5 et 15 ans, d’une part parce qu’il représente le sixième de la population mondiale, d’autre part parce qu’il s’agit d’une période critique, pendant laquelle s’acquièrent notamment des comportements de santé qui auront des répercussions sur toute la vie. De plus, même si le risque de décès avant 15 ans est de 7 pour mille, soit cinq fois moins que dans la tranche d’âge 0-5 ans, cela représentait tout de même 1 million de décès dans le monde en 2017.

Ils sont survenus très majoritairement (98%) dans des pays à revenus faibles ou moyens, plus de la moitié (55%) en Afrique sub-saharienne, principalement centrale et occidentale (34%). Plus de la moitié ont eu lieu dans sept pays : l’Inde, le Nigeria, la République Démocratique du Congo, l’Ethiopie, le Pakistan, la Chine et le Niger.

Les pays du Sud semblent avoir une évolution similaire à celle qui a eu lieu dans les pays riches : la mortalité entre 5 et 15 ans baisse à présent moins vite que celle entre 0 et 5 ans. Ainsi en France, entre 1850 et 1950, la probabilité de mourir entre 0 et 5 ans a baissé à un rythme annuel de 1,4%, contre 2,3% pour celle entre 5 et 15 ans. Entre 1950 et 2015, les rythmes se sont accélérés mais se sont inversés : 4,1% pour la mortalité entre 0 et 5 ans, contre 3,1% pour celle entre 5 et 15 ans.

Les données épidémiologiques étant souvent lacunaires, les proportions imputables aux diverses causes de mortalité se fondent sur des modèles épidémiologiques. Les accidents et les maladies non transmissibles (cancers, maladies cardiovasculaires, etc) causeraient une proportion moins importante de décès chez les jeunes enfants (17 %) qu’entre 5 et 15 ans (49% en 2016). Mais la mortalité infectieuse n’est pas pour autant négligeable chez les 5-15 ans. Ainsi, maladies diarrhéiques, infections des voies respiratoires inférieures et infections telles que la rougeole et la méningite sont ensemble la cause de 28% des décès dans ce groupe d’âge, le paludisme et les autres maladies tropicales, de 11%, et la tuberculose et le sida, de 9%. Les blessures non intentionnelles, telles que les noyades et les chutes, seraient la cause de 14% des décès et les morts sur la route de 9%.

Le recul de la mortalité chez les 5-15 ans dépend largement de la prévention et de la mise en œuvre de prises en charges médicales efficaces, qui ne demandent pas obligatoirement des moyens considérables.

Les décès violents (accidents et noyades) surviennent plus souvent chez les garçons. Lorsque celle-ci est élevée (supérieure à 20-30 ‰), les filles font face à une surmortalité, mais les inégalités de genre tournent à leur avantage à mesure que les pays atteignent des niveaux de mortalité plus faibles, et que la part de la mortalité violente gagne en importance. Les inégalités de genre varient aussi avec les pays : la surmortalité féminine entre 5 et 15 ans est particulièrement marquée en Inde, pays où la discrimination dont les filles et les femmes sont victimes est forte.