En France, le sexisme a été aggravé par la pandémie

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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La loi du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et la citoyenneté donne mission au HCE (Haut Conseil à l’égalité) de dresser chaque année un état des lieux du sexisme en France. Le troisième porte sur 2020 et le début de l’année 2021, c’est-à-dire une période marquée par la pandémie de Covid-19, mais aussi par l’ampleur du mouvement #MeToo, dénonçant les violences sexistes et sexuelles.

La pandémie a augmenté la charge de travail des femmes, en particulier domestique, mais aussi les violences intrafamiliales. Elle a fortement exposé les métiers dits de première ligne, notamment ceux du « care », qui sont presque exclusivement exercés par des femmes. Ces métiers souffrent aussi d’un manque de reconnaissance symbolique et financière, manque qui ne s’est pas effacé après la première vague d’émotion suscitée par le premier confinement.

Le mouvement #MeToo a permis de révéler nombre de violences dans les milieux les plus divers : art, cinéma, enseignement supérieur (notamment en faculté de médecine, avec les bizutages et les paillardes), sphère familiale, sport. Ainsi, « un·e sportif ou sportive sur sept subirait des violences sexistes ou sexuelles avant ses 18 ans, 83% des victimes de ces actes seraient des femmes, et 82% des victimes étaient mineur·es au moment des faits. » Ces violences sont souvent insidieuses : humour douteux, incivilité, absence de reconnaissance des compétences. Les obstacles au déroulement de carrière des femmes sont bien documentés : différences de rémunération, refus de promotion, etc.

Une presse écrite dominée par les hommes

Cette année, le rapport s’est penché sur la presse écrite, parce que comme tous les médias, elle « véhicule stéréotypes et sexisme ». Les rédactions de presse généraliste ne sont composées que d’un tiers de femmes, de la moitié en incluant la presse féminine. Le nombre d’articles signés par des femmes varie considérablement selon le support : 49% pour Le Monde, mais 15% pour 20Minutes. Quant au contenu des articles, ils portent à 80% sur les hommes. « Lorsque les femmes sont les sujets principaux des articles, elles le sont le plus souvent dans les rubriques culture et sont actrices ou chanteuses. » Il en va de même avec les photographies. Les femmes y sont soit anonymisées (masquées), soit correspondant « aux stéréotypes de beauté actuels » : minces, blanches, souvent blondes. Y compris dans la presse dite féminine.

Pour remédier à ce constat, le HCE formule plusieurs préconisations :

  • " Mettre en œuvre un principe d’éga‐conditionnalité via un système progressif de bonus‐malus portant sur les aides à la presse.
  • Améliorer la collecte de données sexuées sur la composition des rédactions, ainsi que sur les articles publiés dans la presse.
  • Favoriser la mise en place de formation sur l’égalité professionnelle et sur les violences sexistes et sexuelles dans les rédactions, mais également dans les écoles de journalisme.
  • Introduire des quotas de femmes aux postes décisionnaires et à responsabilités éditoriales.

  • Créer un « Observatoire de l’égalité dans la presse » pour récolter les données et accompagner les entreprises de presse dans leur marche vers l’égalité. "