En cas de dysfonction sexuelle, pensez au fer!
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Une revue de la littérature a montré que les femmes peuvent souffrir de troubles sexuels tout au long de leur vie et que ceux-ci peuvent être exacerbés par un déficit en fer.
- Ainsi, l’identification d’une dysfonction sexuelle ou d’un déficit en fer doit inciter le praticien à rechercher l’autre affection.
- Une fois identifiée, le déficit en fer doit être traité afin d’améliorer la qualité de vie sexuelle de la femme.
- « Les raisons de la relation entre un faible taux de fer et le dysfonctionnement sexuel sont multifactorielles, et comprennent des facteurs neurologiques, endocrinologiques et psychologiques », commentent les auteurs.
Pourquoi est-ce important ?
La dysfonction sexuelle – définie comme une altération cliniquement significative de la capacité d’un individu à répondre sexuellement ou à éprouver du plaisir sexuel – affecte négativement environ 40 à 50% des femmes adultes à différents stades de leur vie.
Des traumatismes sexuels, des problèmes relationnels, les croyances religieuses, des maladies chroniques, certains effets secondaires médicamenteux, un mauvais état de santé physique sont autant de facteurs favorisants bien connus de dysfonction sexuelle.
Il en est un qui l’est moins, il s’agit du déficit en fer, plus fréquent chez la femme du fait des menstruations, mais aussi consécutif à des apports insuffisants ou à une absorption trop faible. Les données présentées ici décrivent la relation entre déficit en fer et dysfonction sexuelle chez les femmes au cours de la vie.
Méthodologie
Revue de la littérature.
Principaux résultats
Dans une enquête européenne, 62% des femmes souffrant de ménorragie ont déclaré avoir une vie sexuelle fortement altérée. La grossesse est une période où le déficit en fer est fréquent et doit être recherché et corrigé afin de réduire le risque de prématurité, de pré-éclampsie et de décollement placentaire, d’insuffisance pondérale à la naissance, d’altération de la fonction cognitive néonatale et de perte sanguine en péripartum.
En post-partum, l’anémie touche entre 25 et 50% des femmes selon la région du monde. Celles qui souffrent de déficit en fer peuvent présenter des altérations de la fonction cognitive. La présence d’une anémie ferriprive en post-partum peut exacerber les difficultés sexuelles déjà existantes en particulier dans les 6 mois post-partum. Les données de la littérature indiquent qu’entre 41% et 83% des femmes souffriraient de troubles sexuels dans les 2 à 3 premiers mois post-partum et jusqu’à 64% dans les 6 à 12 mois post-partum. Toutes ne sont pas en lien avec un déficit en fer. Notamment, 40 à 60% des femmes auraient une dyspareunie dans les 3 premiers mois post-accouchement, liée au degré de traumatisme périnéal et qui peut perdurer plusieurs mois et induire des dysfonctions sexuelles.
Les déficits en fer peuvent également être liés aux maladies chroniques, aux états inflammatoires ou à l’obésité en raison d’une augmentation des concentrations d'hepcidine qui réduit l’absorption intestinale en fer et inhibe la libération du fer par les macrophages. Cet état conduit à une carence fonctionnelle en fer : l’organisme stocke suffisamment de fer, mais n’en mobilise pas suffisamment où il en a besoin. D’où l’intérêt d’être attentif au risque de carence martiale en cas d’indice de masse corporelle élevé.
Chez la femme âgée – comme chez tout sujet âgé – le déficit en fer peut être consécutif à une mauvaise alimentation, une maladie chronique (cancer, affections rhumatologiques, dysfonctionnement de la thyroïde, maladie rénale chronique…), à la prise de médicaments, à une hématopoïèse altérée. La réduction de la libido, de la sensibilité génitale, de l’excitation, de la lubrification sont des phénomènes fréquents en post-ménopause. Les études manquent pour dire dans quelle mesure ces problèmes sont exacerbés par le déficit en fer. Il a été démontré qu’il existait une relation linéaire significative entre les paramètres du fer sérique (hémoglobine, hématocrite, ferritine et fer) et le score total de la fonction sexuelle féminine, 5 domaines – désir, excitation, lubrification, orgasme et satisfaction – du questionnaire FSFI (Female Sexual Function Index) qualifiant une dysfonction sexuelle et le score de satisfaction sexuelle de Larsson.
Autre constat, la carence en fer influence la production de dopamine et de norépinéphrine. Or, plusieurs voies cérébrales dopaminergiques sont impliquées dans le désir, la motivation, l’orgasme et la récompense. Enfin, l’altération de la fonction sexuelle chez la femme souffrant d’anxiété ou de dépression peut être exacerbée par un déficit en fer. L’une des rares études ayant exploré l’impact de la supplémentation en fer sur la fonction sexuelle a montré que si 76% des femmes avaient une dysfonction sexuelle avant traitement (critères FSFI), elles n’étaient plus que 19% à s’en plaindre après 3 mois de supplémentation orale.
Enfin, les auteurs rappellent que si les préparations à base de fer ferrique sont mieux tolérées, elles sont cependant moins bien absorbées que celles à base de fer ferreux.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé