En 25 ans, la vulnérabilité aux températures extrêmes aurait augmenté

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude menée dans les 15 plus grandes villes allemandes, les températures froides et, a fortiori, les températures les plus élevées sont associées à un sur-risque de décès toutes causes confondues, d’origine cardiovasculaire ou d’origine respiratoire.
  • Par ailleurs, sur la période 1993-2016, la mortalité cardiovasculaire et respiratoire associée à ces températures semble s’être accentuée pour certains sous-groupes de population.

Pourquoi est-ce important ?

La morbimortalité liée aux maladies cardiovasculaires et respiratoires est parmi la plus sensible aux températures extrêmes. Les études qui s’intéressent à l'impact du changement climatique sur la santé se fondent principalement sur la relation exposition-réponse actuelle entre la température et les différents évènements de santé, mais les observations dépendent de la zone géographique, des conditions climatiques locales et du profil de la population, ce qui rend délicat les extrapolations ou les généralisations d’un pays à l’autre. Les données européennes confirment cette hétérogénéité. Aussi, une étude menée sur une période de temps importante permet de mieux évaluer les tendances que suivront les chiffres au cours du changement climatique. Étant donné le faible nombre de données relatives à la mortalité cardiovasculaire et respiratoire au fil du temps, cette étude apporte des éléments importants, qui plus est obtenus à partir d’un large échantillon et au cours d’une période de temps importante.

Méthodologie

Cette étude a analysé les variations temporelles de l'association entre la température et la mortalité non accidentelle, liée aux maladies cardiovasculaires ou aux maladies respiratoires, dans les 15 plus grandes villes allemandes (soit 17,4 % de la population) sur 24 ans, en distinguant deux périodes de temps (1993-2004 et 2005-16) et deux typologies de climats (climat maritime pour les villes de Hambourg et de Brême, climat tempéré pour les 13 autres (Berlin, Cologne, Dortmund, Dresde, Duisbourg, Düsseldorf, Essen, Francfort, Hanovre, Leipzig, Munich, Nuremberg, Stuttgart). Les statistiques et typologies de décès ont été recensées et analysées, via une analyse de séries temporelles.

Principaux résultats

Au total, 3.159.292 décès non accidentels ont été recensés sur la période (54,7% de femmes, 18,5% de 0-64 ans et 19,2% de 65-74 ans), dont 1.063.198 décès d’origine cardiovasculaire et 183.027 décès d’origine respiratoire. Le nombre de décès était plus élevé au cours de la seconde période d’analyse 2005-16, sachant que cette augmentation repose essentiellement sur l’augmentation des chiffres chez les plus âgés (>75 ans). Par ailleurs, la part des décès cardiovasculaires ou respiratoires a respectivement augmenté de 27,9 à 39,7% et de 3,9 à 7,8% entre les deux périodes.

La température moyenne journalière dans les 15 villes allemandes a augmenté de 0,3 °C sur la période 2005-16 par rapport à 1993-2004. Aucun effet des températures les plus froides n'a été observé concernant les chiffres de mortalité non accidentelle. En revanche, le froid et la chaleur ont été tous deux associés au risque de décès toutes causes confondues.

L’association entre températures froides (1er percentile vs 25e de température) et mortalité cardiovasculaire a augmenté au fil du temps avec un risque relatif de 1,04 [1,02-1,06] puis de 1,10 [1,09-1,11] sur les périodes 1 et 2 respectivement. L’analyse a montré que ce sur-risque concernait les cardiopathies ischémiques, les maladies cérébrovasculaires et l'insuffisance cardiaque. De même, l’association entre températures froides et mortalité respiratoire est passée de 0,99 [0,96-1,03] à 1,07 [1,03-1,10] entre les deux périodes de temps. Une augmentation non significative entre 2005-16 et 1993-2004 concernant les effets des températures les plus chaudes et les différentes causes de décès a également été observée.

La plupart des villes ont montré une augmentation légère ou modérée de la mortalité cardiovasculaire au fil du temps pour les températures les plus basses et seules certaines ont montré un risque accru de mortalité respiratoire liée à la chaleur au fil du temps.

Les analyses en sous-groupes montrent une vulnérabilité au froid accrue chez les hommes et les 65-74 ans concernant la mortalité toutes causes, ainsi que chez les femmes et les 75 ans et plus concernant la mortalité cardiovasculaire. La vulnérabilité à la chaleur était accrue chez les hommes et les 0-64 ans concernant les décès non accidentels et les décès d’origine cardiovasculaire.

L’association entre températures froides et mortalité liée aux cardiopathies ischémiques, maladies cérébrovasculaires et insuffisance cardiaque a augmenté. Par ailleurs, l’association entre températures élevées et mortalité liée à la BPCO a également augmentée.