Empagliflozine: un effet bénéfique en poussée aigue d’insuffisance cardiaque

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales de MediQuality
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Après avoir prouvé son efficacité clinique dans l'insuffisance cardiaque chronique à fraction d'éjection diminuée, l'antidiabétique oral empagliflozine pourrait désormais être utilisé en cas de poussée aigue d'insuffisance cardiaque, selon les résultats de l'étude EMPULSE présentés au congrès de l'American Heart Association (AHA).
 
Ce qui est remarquable, c'est que l'efficacité en terme de mortalité, de réduction des symptômes et évènements liés à l'insuffisance cardiaque (hospitalisation pour IC, consultation urgente et non planifiée pour IC en ambulatoire) a été similaire quelle que soit la fraction d'éjection ventriculaire gauche des patients. 
 
L'essai EMPULSE a inclus 530 patients hospitalisés pour une insuffisance cardiaque aigue inaugurale ou liée à une décompensation d'insuffisance cardiaque chronique, à fraction d'éjection préservée ou diminuée, quel que soit leur statut diabétique ou non.
 
Ils ont été randomisés entre l'empagliflozine à 10 mg ou un placebo, ce traitement étant mis en place de 24 heures à 5 jours après l'admission, une fois les patients stabilisés. L'âge moyen des patients était de 68,5 ans, 33,8% étaient des femmes, 33,0% avaient une IC aiguë de novo, 45,3% étaient diabétiques, la FEVG initiale moyenne était de 35,1% et 31,9% avaient une FEVG > 40%. 
 
Les résultats montrent que les patients traités par l'empagliflozine ont 36% plus de chances d'obtenir un bénéfice clinique par rapport au placebo ("win ratio" stratifié : 1,36 ; IC95 : 1,09-1,68 ; p = 0,0054). Le bénéfice clinique était évalué en termes de décès, de nombre d'événements liés à  l'insuffisance cardiaque (hospitalisations, consultations urgentes ou non prévues), de délai de survenue du premier événement lié à l'insuffisance cardiaque, et de variation du score mesurant l'impact de l'insuffisance cardiaque sur la vie du patient KCCQ-TSS, à 90 jours.
 
L'impact de l'empagliflozine a été observé sur tous les composants du bénéfice clinique: décès (4,2% contre 8,3%), événements liés à l'insuffisance cardiaque (10,6% contre 14,7%) et score KCCQ-TSS (+36,9 contre +31,6).
 
Ces améliorations étaient observées pour tous les types l'insuffisance cardiaque (de novo ou décompensée, fraction d'éjection préservée ou non) et que le patient soit diabétique ou non. 
 
L'empagliflozine a été bien tolérée, et associée à un moindre taux d'événements indésirables graves par rapport au placebo (32,3% contre 43,6%). A noter toutefois, une insuffisance rénale aiguë est survenue chez 7,7% des patients sous empagliflozine contre 12,1% sous placebo, mais aucune acidocétose a été constatée. Une perte de poids a également été observée sous empagliflozine avec une différence de -1,5kg (p = 0,0137) à J90. 
 
La saga de l'empagliflozine dans l'insuffisance cardiaque n'en est encore qu'à ses débuts, mais il est fort probable qu'au vu de ces résultats – et de ceux d'autres études comme EMPEROR-Preserved
ou CHIEF-HF, présentées toutes deux à l'AHA – que cette molécule deviendra rapidement un traitement de référence dans cette indication. 
 
Cet article a été écrit par Lucie Brilleman et a initialement été publié sur le site internet MediQuality.