Efficacité et acceptabilité des antidépresseurs dans les troubles dépressifs majeurs

  • Cipriani A et al.
  • The Lancet

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Selon une méta-analyse en réseau ayant inclus 522 essais contrôlés randomisés et les données de près de 117.000 sujets, les 21 antidépresseurs de première ou de seconde génération testés sont plus efficaces que le placebo chez les adultes souffrant de troubles dépressifs majeurs, mais avec une taille d’effet relativement modeste. Des différences d’efficacité et d’acceptabilité apparaissent de façon plus marquée entre les différentes molécules dans les essais en face à face que dans les essais contre placebo.

Pourquoi est-ce important ?

Avec l’augmentation et le vieillissement de la population, le fardeau de la dépression est en forte augmentation depuis les années 1990 et représente un véritable défi pour les systèmes de santé. Alors que les antidépresseurs sont largement utilisés, leur efficacité et leur efficience restent discutées. Une méta-analyse en réseau a pris en compte les études ayant comparé différents antidépresseurs à un placebo ou à un autre antidépresseur dans le traitement de la dépression de l’adulte de façon à éclairer le choix des praticiens.

Les antidépresseurs plus efficaces que le placebo

Tous les antidépresseurs testés se sont montrés plus efficaces que le placebo en termes de taux de réponse (patients ayant une réduction de 50% ou plus du score de dépression), avec des Odds ratio allant de 2,13 [Intervalle crédible 95% : 1,89-2,41] pour l’amitriptyline et 1,37 pour la réboxétine [1,16-1,63]. Concernant l’acceptabilité du traitement, seules l’agomélatine et la fluoxétine ont présenté moins d’arrêts prématurés que le placebo (OR 0,84 [0,72-0,97] et 0,88 [0,80-0,96] respectivement). Ceux-ci étaient au contraire majorés avec la clomipramine (OR 1,30 [1,01-1,68]).

Considérés ensemble, des taux de réponse plus importants et une meilleure acceptabilité sont obtenus avec certaines molécules comme l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxétine, l’agomélatine et la sertraline. D’autres comme la réboxétine, la trazodone ou la fluvoxamine montrent en revanche un profil d’efficacité et d’acceptabilité moins favorables.

Dans les essais en face à face (194 études, 34.196 patients), l’agomélatine, l’amitriptyline, l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxetine, la venlafaxine et la vortioxétine se sont montrées les plus efficaces, avec des Odds Ratios allant de 1,19 à 1,96. Alors que la fluoxétine, la fluvoxamine, la reboxétine et la trazodone sont au contraire apparues moins efficaces (OR de 0,51 à 0,84).

En termes d’acceptabilité, l’agomélatine, le citalopram, l’escitalopram, la fluoxétine, la sertraline et la vortioxétine ont affiché des taux de sortie d’essai inférieurs aux antidépresseurs comparés (OR de 0,43 à 0,77), alors que ces taux étaient supérieurs pour l’amitriptyline, la clomipramine, la duloxétine, la fluvoxamine, la réboxétine, la tradozone et la venlafaxine.

Méthodologie

Cette revue systématique de la littérature a recherché tous les essais ayant comparé des antidépresseurs à un placebo ou à un autre antidépresseur en monothérapie dans le traitement de la dépression unipolaire aiguë de l’adulte, publiés et non publiés. 522 essais contrôlés en double aveugle ayant comparé 21 antidépresseurs de première et de seconde génération à un placebo ont ainsi été inclus dans une méta-analyse en réseau. Ils représentaient 116.477 participants, 87.052 sous traitement actif et 29.425 sous placebo. L’âge moyen des participants était de 44 ans et 63,3% étaient des femmes. La grande majorité d’entre eux souffraient de dépression modérée à sévère. La durée médiane de suivi était de 8 semaines.

Limitations

La qualité des essais (GRADE) n’était pas la même pour les différentes molécules comparées et le risque de biais pas toujours connu. De plus, seuls les effets moyens des traitements étaient mesurés, ce qui ne permettait pas d’analyser l’impact de facteurs susceptibles de modifier la réponse au traitement au niveau individuel.