Efficacité à long terme du vaccin tétravalent anti-HPV chez les hommes
- Goldstone SE & al.
- Lancet Infect Dis
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Une étude de suivi américaine, menée chez de jeunes hommes vaccinés par le vaccin tétravalent contre le Papilloma virus (HPV 6, 11, 16 et 18), confirme une protection jusqu’à 10 ans après la 3e dose de vaccination contre les lésions anogénitales.
- Conjugués aux résultats d’immunogénicité et de sécurité, ces résultats indiquent une protection optimum par la vaccination précoce, c’est-à-dire avant exposition au virus. Mais la vaccination de rattrapage montre également un intérêt chez les hommes ayant déjà été exposés au virus.
Le papillomavirus humain (HPV) est responsable chaque année de 70.000 cas de cancer dans le monde chez l’homme (pénien, anal, sphère ORL, autres tumeurs de la tête et du cou). Et 80% d’entre eux sont liés au HPV16 et 18, tandis que les génotypes HPV6 et 11 sont responsables de 90% des cas de verrues génitales externes. Un essai contrôlé randomisé avait déjà montré que le vaccin tétravalent anti-HPV (HPV6, 11, 16 et 18) induisait une forte réponse immunitaire capable de prévenir l’apparition de ces différentes lésions, avec un bon niveau de sécurité. Mais qu’en est-il de cette protection sur le long terme ? Et chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) qui sont plus à risque de développer ces lésions anales et génitales ? Les résultats d’une phase d’extension faisant suite à ce premier essai viennent d’être publiés.
Méthodologie
Cette étude d’extension réalisée en ouvert dans 46 centres et 16 pays avait pour objectif d’évaluer l’incidence des verrues génitales externes liées aux HPV 6 et 11, celle des lésions génitales et des dysplasies anales liées aux HPV 6, 11, 16 et 18, ainsi que l’immunogénicité et la sécurité du vaccin sur une période de 10 années suivant la dernière dose de vaccin.
Elle faisait suite à un essai contrôlé international qui avait randomisé des hommes hétérosexuels entre 16 et 23 ans et des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) de 16 à 26 ans pour recevoir 3 doses du vaccin tétravalent anti-HPV ou bien un placebo à J1, puis à 2 et à 6 mois, avec un suivi de près de 3 ans. Ceux qui avaient déjà des lésions anogénitales susceptibles d’être liées au HPV étaient exclus. À la fin de l’essai, une vaccination de rattrapage a été proposée aux patients du groupe placebo.
Le critère principal d’évaluation de cette phase d’extension de 7 ans était l’incidence des verrues génitales liées au HPV6 ou 18 et plus globalement des lésions génitales externes liée aux 4 génotypes inclus dans le vaccin (HPV6, HPV11, HPV16 et HPV18) dans l’ensemble des participants, ainsi que les lésions précancéreuses (verrues anales et lésions plates) et les cancers anaux liés aux 4 génotypes du virus chez les HSH.
Résultats
- Parmi les sujets inclus dans l’étude initiale, 1.373 ont été enrôlés dans la phase d’extension et ont été suivis jusqu’à la fin de la phase d’extension, 709 issus du groupe vaccination précoce avec un suivi de 9 ans et demi après la 3e dose, et 664 dans le groupe vaccination de rattrapage, avec un suivi de 4,7 ans.
- Au sein du groupe vaccination précoce, le suivi à long terme a montré une incidence de verrues génitales externes liées au HPV6 ou 11 de 0,0 [0,0 – 8,7] par rapport au groupe placebo de l’étude initiale 137,3 [83,9-212,1] pour 10.000 personnes-années.
- L’incidence des lésions externes liées aux 4 génotypes du vaccin était de 0,0 [0,0 – 7,7] contre 140,4 [89,0 – 210,7] chez les sujets non vaccinés du groupe placebo de l’étude initiale.
- Chez les HSH, l’incidence des néoplasies intra-épithéliales anales ou des cancers anaux liés à l’un des 4 génotypes vaccinaux du HPV était de 20,5 [0,5-114,4] contre 906,2 [553,5-1399,5] dans le groupe placebo.
- Chez les patients inclus dans groupe placebo lors de l’étude initiale et ayant reçu une vaccination de rattrapage, aucun nouveau cas de verrue génitale externe liées aux génotype 6 et 11, ni aucune lésion génitale externe liée aux génotypes 6, 11, 16, et 18 ne sont apparus. L’incidence des lésions anales a également été réduite après vaccination, l’incidence cumulée dans le temps rejoignant la trajectoire de celle du groupe vaccination précoce au cours de l’étude initiale.
- Une immunogénicité durable a été retrouvée et aucun effet indésirable grave lié au vaccin n’a été rapporté.
Limites
Forte proportion d’arrêts du suivi qui a pu être à l’origine d’un biais de sélection.
Financement
Merck Sharp & Dohme, filiale de Merck & Co, sponsor et initiateur de l’étude.
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