Effet délétère confirmé des anticholinergiques sur la cognition
- Richardson K et al.
- BMJ
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Selon une large étude cas-témoins britannique, il existe une forte association entre la charge anticholinergique dans les 4 à 20 ans précédant le diagnostic et le risque de démence. L’effet dose-réponse est observé uniquement pour certaines classes de molécules ayant un risque cognitif élevé (score ACB de 3) : les antidépresseurs, surtout l’amitriptyline, la dosulépine et la paroxétine, les antiparkinsoniens, et les médicaments urologiques (notamment l’oxybutynine et la tolterodine). Une association significative est même observée pour des expositions anciennes (15 à 20 ans avant le diagnostic de démence), en particulier pour les antidépresseurs.
Ces résultats incitent à une plus grande prudence dans l’utilisation de ces molécules et à une prise en compte des effets cognitifs à long terme dans l’analyse du rapport bénéfice/risque.
Pourquoi est-ce important ?
De nombreux médicaments possèdent des propriétés anticholinergiques et ils sont utilisés dans une large palette de pathologies, chroniques pour la plupart (dépression, troubles gastro-intestinaux, incontinence urinaire, épilepsie…). Leur impact sur la cognition est bien décrit et des expositions prolongées ont été associées à une augmentation du déclin cognitif ou de l’incidence des démences à long terme. Cependant, les études publiées jusqu’ici ne permettent pas d’établir si cette association est due aux médicaments eux-mêmes, ou aux pathologies pour lesquelles ils sont prescrits. Une étude britannique a comparé le risque cognitif en fonction des prescriptions d’anticholinergiques chez des sujets venant de recevoir un diagnostic de démence, par comparaison à des sujets témoins non déments.
Résultats
- Au total, les données de 40.770 individus venant de recevoir un diagnostic de démence et de 283.933 sujets témoins ont été analysées. L’âge moyen au diagnostic était de 83 ans et 63% étaient des femmes.
- Parmi eux, 14.453 sujets et 86.403 témoins avaient reçu au moins un anticholinergique de score 3* sur l’échelle du risque cognitif lié aux anticholinergiques (ACB) au cours des 4 à 20 ans précédant le diagnostic de démence.
- Les médicaments les plus prescrits étaient l’amitriptyline (29%), la dosulépine (16%), la paroxétine (8%), l’oxybutynine (7%) et la toltérodine (7%).
- Une association significative a été observée entre prescription d’anticholinergiques et démence quel que soit le score ACB (1, 2 ou 3) (Odds ratio 1,11 [IC95% : 1,08-1,14]), et un effet dose-réponse a pu être mis en évidence pour les molécules présentant un score ACB de 2 ou 3.
- Parmi les anticholinergiques avec un score ACB de 3, l’analyse par classe a retrouvé une association entre incidence des démences et prescriptions d’antidépresseurs, d’antiparkinsoniens et de traitements de l’incontinence urinaire. En revanche, aucune association n’a pu être observée avec les antispasmodiques, les antipsychotiques, les antihistaminiques, ou d’autres médicaments ayant également un score ACB de 3.
- Les antidépresseurs avec un score ACB de 1 (effet anticholinergique possible sur la cognition), notamment les ISRS, étaient associés à un sur-risque de démence, mais l’association était surtout retrouvée pour des expositions proches de l’apparition de la démence. Et il n’existait pas d’association pour les autres molécules disposant d’un score ACB de 1.
- Le risque de démence a également été mesuré en fonction des périodes d’exposition aux anticholinergiques (4 à 10 ans avant le diagnostic, 10 à 15 ans ou 15 à 20 ans). Il était augmenté sur l’ensemble de ces périodes pour toutes les molécules ayant un score ACB de 3, et restait notamment présent pour des expositions remontant de 15 à 20 ans avant le diagnostic (OR 1,17 [IC95% : 1,10-1,24]), en particulier pour les antidépresseurs (1,19 [1,10-1,29]).
Méthodologie
Cette étude cas témoins a inclus des patients de 65 à 99 ans venant de recevoir un diagnostic de démence et des sujets témoins à partir du registre de prescription britannique Clinical Practice Research Datalink(CPRD) représentant 11,3 millions de patients en soins primaires.
* Effet cholinergique sévère sur la cognition clairement établi cliniquement
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