EAN 2023 – Médicaments ciblant le CGRP : une nouvelle ère dans le traitement de la migraine

  • Moheb Costandi
  • Actualités Congrès
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Les médicaments qui agissent sur le peptide lié au gène de la calcitonine constituent la première classe de thérapie ciblée pour la prévention de la migraine. Les données présentées lors du 9e congrès de l’Académie européenne de neurologie (European Academy of Neurology), à Budapest, confirment que ces médicaments ouvrent une nouvelle ère dans le traitement de la migraine et qu’ils offrent un espoir pour près d’une personne migraineuse sur 10 à travers le monde.

Le peptide lié au gène de la calcitonine (calcitonin gene-related peptide, CGRP) est une molécule de signalisation de la douleur et un puissant vasodilatateur. En tant que tel, il s’agit d’un médiateur important de la migraine, et deux nouveaux types de médicaments agissent dessus.

  • Les premiers sont des anticorps monoclonaux (AcM) humains, tels que l’érénumab, qui bloquent la signalisation du CGRP en se liant au récepteur du CGRP dans les terminaisons nerveuses et les ganglions du trijumeau ; d’autres médicaments, tels que le frémanézumab, se lient au CGRP lui-même.
  • Le second type de médicaments sont les antagonistes du CGRP à petites molécules (ou gépants), qui entrent en compétition avec le CGRP pour occuper le site de liaison de son récepteur. En Europe, les gépants ont été approuvés pour le traitement de la migraine aiguë, mais pas pour la prévention de la migraine.

Les médicaments ciblant le CGRP présentent des avantages par rapport aux médicaments conventionnels contre la migraine sur plusieurs aspects. Ils sont les premiers à avoir été conçus pour agir sur le système de la douleur trigéminale et, grâce à cette spécificité, ils ont peu ou pas d’effets indésirables. Les AcM ont le meilleur profil de sécurité d’emploi et d’efficacité de tous les médicaments prophylactiques de la migraine, suivis de près par les gépants. 

Les deux types de médicaments doivent être envisagés pour les patients présentant des troubles psychiatriques et atteints d’obésité et de dépression en tant que comorbidités, ainsi que pour ceux qui prennent d’autres médicaments et peuvent développer des interactions médicamenteuses. Ils ne doivent pas être prescrits aux femmes enceintes, ni aux personnes atteintes de maladies cardiovasculaires.

Les médicaments classiques contre la migraine sont inefficaces chez un grand nombre de patients. En conséquence, l’ observance aux médicaments prescrits est faible et diminue avec le temps : moins d’un tiers des personnes souffrant de migraine pendant 15 jours ou plus par mois observent la prise de leurs médicaments à 6 mois, et seulement 17 à 20% au bout d’un an.

En revanche, environ 55% des patients souffrant de migraine chronique résistante au traitement ou difficile à traiter ont fait état de bénéfices subjectifs pour l’érénumab et continuaient à le prendre après 17 à 30 mois

Des données suggèrent que les patients qui ne répondent pas à l’érénumab peuvent bénéficier du passage à l’autre classe d’AcM

« En 2022, nous avons mis à jour la recommandation de la Fédération européenne des céphalées (European Headache Federation) sur l’utilisation des AcM pour la prévention de la migraine », a déclaré Simona Sacco, de l’Université de L’Aquila, au cours de la session. 

« Nous suggérons qu’ils soient inclus dans les options de traitement de première intention. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir les utiliser plus tôt chez les patients qui en ont le plus besoin. » 

La faible efficacité des médicaments conventionnels contre la migraine peut conduire à une surconsommation de médicaments, qui peut elle-même provoquer une migraine chronique. Cela pose un problème majeur aux médecins qui traitent la migraine, mais là aussi, les AcM semblent être bénéfiques.

Une méta-analyse systématique d’essais cliniques randomisés portant sur des patients souffrant de migraine chronique avec surconsommation de médicaments a montré que les AcM sont efficaces en l’absence de toute stratégie de désintoxication. Une étude observationnelle en situation réelle réalisée par S. Sacco et ses collègues a montré qu’environ 35% des patients ont cessé de faire un usage abusif de leurs médicaments après une seule dose d’AcM, et qu’environ 70% y sont parvenus après 6 doses. « Il n’existe pas de consensus solide sur la meilleure façon de désintoxiquer les patients, mais les AcM apportent une solution pragmatique à ce problème », a déclaré S. Sacco.