Le sexe comme stratégie d’adaptation face à la COVID…

  • Eleuteri S & al.
  • Front Psychol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Il est évident que la sexualité est impactée par le stress qui peut être induit par certains facteurs environnementaux. Une revue de la littérature s’est intéressée aux conséquences de la pandémie, du confinement, des mesures de distanciation sociale sur la sexualité des individus. Elle montre notamment que :

  • L’augmentation des conflits en lien avec la COVID, le stress et la détresse liés à la période de pandémie ont eu globalement un impact délétère sur la qualité et la fréquence des relations sexuelles des individus.
  • Les émotions et les difficultés liées à la pandémie ont modifié le désir d’intimité et la satisfaction sexuelle.
  • Durant cette période certains ont réinventé leur sexualité ou utilisé le sexe comme stratégie d’adaptation face à l’adversité ressentie.

Méthodologie

Cette revue de la littérature est basée sur l’identification des articles scientifiques publiés entre juillet et septembre 2021. Au total 19 articles sur 105 identifiés ont été retenus : 14 études transversales, 2 études observationnelles, 1 étude cas-témoins, 1 commentaire critique et 1 analyse globale. 

Principaux résultats

Les résultats de cette revue soulignent de manière globale une détérioration de la vie sexuelle, du fait notamment des conflits au sein des couples ainsi que des émotions et des difficultés psychologiques rencontrées durant la pandémie. Les femmes célibataires ou éloignées de leurs compagnons, les professionnels de santé et les personnes ayant des enfants semblent avoir plus mal vécu cette période que les autres. 

Le stress, la cohabitation forcée, la routine, l’anxiété, l’inquiétude concernant le travail ou l’épidémie, le manque d’intimité, le sentiment de distance avec le partenaire ou encore le fait de ne pas être heureux avec son compagnon durant cette période ont été autant d’éléments délétères pour la sexualité. 

Une enquête nationale menée en ligne sur un échantillon de 1.010 adultes en avril 2020, a montré que les conflits en lien avec le SARS-CoV-2 (rapporté par 34% de l’échantillon) impactaient négativement les relations amoureuses et sexuelles. 

Plus de la moitié des individus auraient déclaré avoir ressenti une insatisfaction sexuelle durant le confinement. Lorsqu’il s’agissait d’hommes, ces derniers étaient plutôt jeunes, et plus fragiles psychologiquement que ceux qui ne déclaraient pas d’insatisfaction sexuelle. L’insatisfaction sexuelle chez les femmes était quant à elle, corrélée au fait de connaître une personne positive au SARS-CoV-2. 

Les auteurs de cette revue indiquent que 40% des participants à cette enquête ont relaté une augmentation de leur désir sexuel. Le fait de vivre une relation de couple heureuse et satisfaisante, de ne pas être stressé, de ne pas avoir le sentiment de s’ennuyer et d’avoir plus de temps libre, moins de travail et moins de possibilité de loisirs a eu un impact positif sur la vie sexuelle des sujets concernés. 

Certains ont eu plus souvent recours à des sextoys durant cette période. Une enquête australienne a montré que 24% des personnes ayant répondu à une enquête ont déclaré avoir acheté un sextoy pour la première fois durant la pandémie.

D’autres, notamment ceux qui avaient eu moins d’activités sexuelles durant le confinement, ont eu plus souvent recours à la pornographie ou à la masturbation. Durant la pandémie, 20% des personnes ayant répondu à une enquête ont déclaré avoir réadapté, voire réinventé leur sexualité en partageant ou réalisant des fantasmes sexuels, en ayant recours au cybersexe, et à la pornographie en réalité virtuelle. 

Les auteurs relatent que certaines personnes auraient utilisé l’activité sexuelle comme stratégie d’adaptation face à la détresse liée au confinement. C’est le cas notamment de 30% des individus d’une enquête britannique qui ont déclaré avoir eu recours à la sexualité pour faire face aux sentiments négatifs dus à la distanciation sociale en période de confinement.