Dysthyroïdie : un traitement mal équilibré conduit à un sur-risque de décès cardiovasculaire

  • Evron JM & al.
  • JAMA Netw Open

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon les données d’une large cohorte américaine, l'intensité du traitement par hormones thyroïdiennes est associée à un surrisque de mortalité cardiovasculaire lorsque les valeurs normales de TSH (thyroid-stimulating hormone) ou de T4L (thyroxine libre) suggèrent une hyperthyroïdie ou une hypothyroïdie exogènes, celles de TSH étant plus étroitement associées au risque cardiovasculaire que le taux de T4L chez les personnes âgées.

  • Cette observation, confirmée après ajustement sur les facteurs démographiques et médicaux, suggère que le suivi des patients dysthyroïdiens soient mieux surveillés et que leur traitement soit plus rigoureusement équilibré.

Pourquoi est-ce important ?

Des études ont décrit que l'intensité du traitement par hormones thyroïdiennes est un facteur de risque de fibrillation atriale et d'accident vasculaire cérébral. D’autres ont mis en évidence qu’une hyperthyroïdie ou une hypothyroïdie exogène au long cours pouvait engendrer une augmentation du risque cardiovasculaire et de la mortalité toutes causes confondues. Pour autant, les études permettant d’établir l’association et l’ampleur de cette association avec la mortalité spécifiquement cardiovasculaire reste à étudier précisément. Cette étude visait donc à étudier la question à partir de données issues d’une cohorte nationale d'adultes traités par hormones thyroïdiennes.

Méthodologie

Cette analyse a été conduite à partir des données 2004 – 2017 de la base de données de la Veterans Health Administration et le registre de décès. Elle visait à inclure ceux qui avaient commencé un traitement par hormones thyroïdiennes et qui avaient bénéficié ensuite d’au moins 2 mesures ambulatoires de la TSH sérique. Dans une seconde analyse, les chercheurs ont aussi évalué le pronostic de ceux qui avaient eu au moins 2 mesures de la thyroxine libre (T4L) après initiation du traitement. Les sujets ayant des antécédents de cancer de la thyroïde et ceux traités par lithium ou amiodarone étaient exclus.

Principaux résultats

Au total, les données de 705.307 patients (88,7% d’hommes, âge médian 67 ans) ont été analysées. La plupart avaient une hypertension artérielle, une dyslipidémie ou un tabagisme actif ou ancien (respectivement 82,5%, 82,6% et 66,3%). Après un suivi médian de 4 ans, 31,9% des sujets de la cohorte sont décédés, et 10,8% pour une cause d’origine cardiovasculaire.

Les analyses univariées montrent que le sexe, l'âge, l'origine ethnique, les antécédents personnels médicaux (tabagisme, hypertension, diabète, dyslipidémie, maladie cardiovasculaire) mais aussi, les taux de TSH et de FT4, sont associés à la mortalité cardiovasculaire.

Par rapport aux patients en euthyroïdie, le fait de présenter une hyperthyroïdie exogène était associé à un rapport de risque ajusté (RRa) compris entre 1,13 [1,09-1,17] et 1,39 [1,32-1,47], selon que le taux de TSH était inférieur à 0,1 mUI/L ou compris entre 0,1 et 0,5 mUI/L, une fois tous les facteurs de risque de l’analyse univariée ajustés. Ce RRa était de 1,29 [1,20-1,40] lorsque l’on considérait un taux de T4L>1,9 ng/dL pour définir l’hyperthyroïdie exogène.

De la même façon, ceux souffrant d'hypothyroïdie exogène définie selon la valeur de TSH avaient un RRa compris entre 1,42 [1,38-1,46] pour des valeurs comprises entre 5,5 et 7,5 mUI/L et 2,67 [2,55-2,80] pour des valeurs >20 mUI/L, par rapport à ceux qui étaient en euthyroïdie. Ce RRa était de 1,56 [1,50-1,63] lorsque l'hypothyroïdie était basée sur une valeur de T4L de <0,7ng/dL.