Dysménorrhées : informer les adolescentes pour ne banaliser ni les troubles ni leur traitement
- Caroline Guignot
- Résumé d’articles

A retenir
- Une enquête menée auprès d’un millier de lycéennes montre qu’une grande majorité d’entre elles souffrent de dysménorrhée, notamment celles qui ont des règles abondantes, un IMC faible, des douleurs intermenstruelles ou qui ont été réglées jeunes. Une sur deux n’a pas consulté son médecin à ce sujet et la plupart recourent à de l’automédication, souvent de façon inappropriée. Étant donné l’ampleur du retentissement des douleurs sur la vie scolaire et la qualité de vie et d’autre part, le souhait de la plupart d’entre elles à voir le sujet abordé spontanément par leur médecin, l’information et la prise en charge des dysménorrhées par le médecin traitant ou le gynécologue qui suivent la jeune fille semble pertinentes.
La dysménorrhée primaire constitue la plainte liée aux menstruations la plus courante chez les jeunes femmes adolescentes ou adultes. Elle commence souvent dans les 6 mois à 2 ans après les premières règles, notamment en cas de taux élevés d'agents utérotoniques, vasoconstricteurs et PGF2 (prostaglandine F2). Elle se manifeste généralement par des douleurs à type de crampes dans l'abdomen ou le bas du dos, qui peuvent irradier. Elles sont souvent associées à d’autres troubles (maux de tête, nausées, vomissements, asthénie...). Elles débutent généralement la veille ou le premier jour des règles, et atteignent leur maximum après 2 à 3 jours.
Malgré leur impact sur la qualité de vie et la disponibilité de traitements efficaces, les femmes consultent peu pour ces troubles et bénéficient de peu de prescriptions. Parce que les données sur la prévalence de la dysménorrhée sont extrêmement hétérogènes, notamment en France, des chercheurs ont choisi de conduire une étude pour évaluer l’ampleur de la plainte chez les jeunes filles.
Méthodologie
Cette enquête transversale a été conduite auprès des jeunes filles de huit lycées d’Ille-et-Vilaine, entre avril et mai 2019. Toutes celles qui étaient d’accord pour participer ont rempli un questionnaire sur leurs caractéristiques sociodémographiques, leurs cycles, l’existence d’une dysménorrhée et le cas échéant, son retentissement et sa prise en charge.
Principaux résultats
Cette enquête a regroupé 953 participantes (âge moyen 16,8 ans), qui avaient pour la plupart des cycles réguliers (88,1%), des règles abondantes (58,4%) et des antécédents familiaux de dysménorrhée (43,2%).
La prévalence de la dysménorrhée était de 92,9% (vs 24 à 95% selon la littérature), d’intensité légère pour 18,8% d’entre elles, mais modérée ou sévère pour respectivement 65,2% et 8,9% d’entre elles.
Elles étaient 41,6% (n=396) à avoir une contraception (72,2% orale). Parmi celles qui savaient qu’il s’agissait d’une contraception estroprogestative (n=172), traiter la dysménorrhée était l’une des motivations dans 62% des cas. La présence d’un IMC élevé, le fait d’avoir été réglée à un jeune âge, d’avoir des règles abondantes ou d’être sous contraceptif étaient associés à un risque d’avoir une dysménorrhée sévère.
Le retentissement des troubles était important pour les jeunes filles : absentéisme scolaire dans 43,3% des cas, mauvaise qualité de sommeil dans trois cas sur 4 et autant à avoir des difficultés à suivre les cours.
En termes de prise en charge, 91% des lycéennes avaient déjà pris un traitement spécifique, par automédication dans 58,8% des cas : elles utilisaient surtout du paracétamol (86,7%), un antispasmodique (68,8%) ou un AINS (52,4%). Les précisions indiquées sur cet usage montraient un manque d’information puisqu’elles étaient nombreuses à ne pas prendre le traitement assez précocement, à ne pas utiliser une seconde dose en l’absence d’efficacité de la première ou à ne pas envisager de changement de molécule en l’absence d’efficacité de celle utilisée.
Seule la moitié avaient déjà demandé un avis médical (principalement le médecin généraliste) pour ces troubles, alors qu’elles étaient 62,3% à déclarer qu’un tel avis pourrait leur être utile. La banalisation des symptômes est élevée, puisque 55,1% estiment qu’ils font partie de la menstruation. Cependant, 64,4% d’entre elles déclaraient souhaiter que le médecin aborde spontanément le sujet.
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