Durée de sommeil à 50 ans et risque ultérieur de démence : une association ?
- Sabia S & al.
- Nat Commun
- Nathalie Barrès
- Résumé d’articles
À retenir
Près de 8.000 personnes ont participé à une étude évaluant l’association entre la durée du sommeil à 50, 60 et 70 ans et le risque de démence sur un suivi de 25 ans. Les résultats indiquent :
- 22% et 37% d’augmentation du risque de démence chez les sujets qui ont respectivement autodéclaré une durée de sommeil (≤6 heures) à 50 et 60 ans.
- 63% d’augmentation du risque de démence après analyse de mesures objectives portant sur un sous-groupe de sujets dormant ≤6 heures par nuit.
- Pas de corrélation entre durée de sommeil et démence en fonction de la présence ou non d’une maladie mentale.
Ainsi, une courte durée de sommeil en milieu de vie est associée à un risque plus élevé de démence à un âge avancé, et ce indépendamment des facteurs sociodémographiques, comportementaux, cardiométriques et de santé mentale.
Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?
Certaines études observationnelles ont mis en évidence qu’une durée de sommeil courte ou longue était associée à un risque accru de déclin cognitif et de démence. D’autres ont mis en évidence que la modification de la durée du sommeil chez les sujets âgés était associée au risque de démence. Cependant, la plupart de ces associations ont été réalisées à partir d’études dont le suivi est inférieur à 10 ans, ce qui ne permet pas d’examiner l’importance du retentissement d’un trouble du sommeil en milieu de vie.
Méthodologie
Les données proviennent de sujets inclus dans l’étude de cohorte Whitehall II. Afin de pallier au risque de biais liés aux autodéclarations, l’association entre durée du sommeil et risque de démence a également été évaluée dans un sous-échantillon à partir de mesures objectives.
Principaux résultats
Au global 10.308 individus ont été recrutés entre 1985 et 1988 et suivis durant 24,6 ans en moyenne. Parmi eux, 7.959 avaient des données disponibles concernant la durée de leur sommeil à 50 ans (33% de femmes), 7.164 à 60 ans et 6.516 à 70 ans. D’autres variables étaient également collectées.
À 50 ans, 39,5% avaient une durée de sommeil ≤6 heures, 45,5% un sommeil normal de 7 heures et 14,9% un sommeil de 8 heures ou plus. Au global, 521 ont développé une démence durant le suivi moyen de 24,6 ans, soit 6,5% de la population (âge moyen au diagnostic 77,1 ans). Quel que soit l’âge, ceux qui dormaient 7 heures par nuit avaient le risque de démence le plus faible. Les associations identifiées étaient confirmées même après ajustement sur les facteurs sociodémographiques, les habitudes de vie, les paramètres cardiométriques ou la santé mentale, avec un risque significativement augmenté de 22% et 37% pour une durée de sommeil courte respectivement à 50 et 60 ans.
Dans un sous-groupe de sujets (n=6.875) sans démence à 70 ans et ayant au moins 2 mesures de durée de leur sommeil à 50, 60 et 70 ans, 456 cas de démence incidents ont été identifiés sur un suivi moyen de 7,4 ans.
À partir de ces données, six trajectoires de sommeil ont été établies : trois trajectoires persistantes de sommeil de durée courte, normale et longue, trois trajectoires évolutives d’une durée de sommeil courte à normale, normale à longue et normale à courte. Par rapport à un sommeil restant normal, la persistance dans le temps d’une durée de sommeil courte augmentait de 30% le risque de démence. Le risque de démence avait tendance à augmenter chez les sujets ayant un sommeil de longue durée persistant (association cependant non significative). Une analyse portant spécifiquement sur les individus sans antécédent de maladie mentale avant 65 ans a mené à des conclusions similaires.
Les analyses réalisées à partir des données objectives recueillies entre 2012-2013 et portant sur 3.888 participants ont permis de mettre en évidence 111 cas incidents de démence sur 6,4 ans de suivi. Par rapport aux individus qui dormaient 7 heures (entre 6 h 14 min et 7 heures par nuit), ceux qui dormaient entre 1h16 et 7 heures par nuit avaient un risque de démence augmenté de 63%. Aucune association n’a en revanche été montrée pour ceux qui dormaient entre 7h 1 min et 10h 6 min.
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